ALM : D’abord, que pourriez-vous nous dire sur la campagne agricole de cette saison?
Aziz Akhannouch : L’actuelle campagne agricole s’est déroulée normalement jusqu’au mois de décembre, ce qui a permis de semer plus de 5,5 millions ha dont 4,7 millions de céréales. La période allant de la deuxième quinzaine de décembre jusqu’à la mi-mars a été caractérisée par une insuffisance des précipitations et de basses températures, ce qui a affecté l’état des cultures mises en place et des parcours, notamment au niveau de certaines régions. Toutefois, les pluies enregistrées depuis fin mars qui ont dépassé les 50 mm dans plusieurs régions agricoles favorables ont permis une nette amélioration de l’état des céréales, des parcours, de l’arboriculture fruitière ainsi que la mise en place des cultures de printemps. Ces précipitations ont eu également un impact positif sur la situation du cheptel avec une baisse des prix des aliments de bétail et surtout une augmentation du prix des animaux.
Quel bilan faites-vous du Plan Maroc Vert lancé en avril 2008?
Nous nous sommes fixé à travers le Plan Maroc Vert, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, qui entoure l’agriculture de Sa Haute Attention, comme objectif d’ériger le secteur en véritable levier de développement socio-économique. Un secteur en harmonie avec les chantiers majeurs du Maroc d’aujourd’hui que sont la création d’emplois, la lutte contre la pauvreté, la protection de l’environnement et la biodiversité. Nous pouvons être satisfaits des résultats positifs réalisés à ce jour en faveur du monde agricole et rural, qui ont contribué à la réduction de la dépendance du secteur des conditions climatiques et l’amélioration de sa productivité. C’est ainsi que nous notons une augmentation du taux de production de 40% en 2011 par rapport à la période de référence 2005-2007 et un doublement du Produit intérieur brut agricole par habitant du monde rural durant les dix dernières années. Parmi les autres réalisations, on note l’achèvement des programmes hydro-agricoles à travers l’installation des petites et moyennes hydrauliques et la réhabilitation et l’expansion de l’irrigation localisée sur une superficie de 100.000 hectares, en réalisant 77% des projets enclenchés entre 2008 et 2011, l’installation des canaux et la construction de passerelles sur 1.400 km pour désenclaver le monde rural ainsi qu’un investissement de 2,3 milliards de dirhams au profit de 250.000 bénéficiaires ayant permis la création de 7 millions de jours de travail dans les zones rurales. Et malgré les conditions difficiles de la saison agricole actuelle, nous avons maintenu la cadence et continué à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs ambitieux du Plan Maroc Vert. Vous avez, à titre d’exemple, la production animale qui a enregistré une croissance positive en 2011 estimée à 22% pour la viande rouge, 56% pour la viande blanche et 35% pour le lait. Une croissance positive a également été enregistrée dans la plupart des filières, par rapport au passé, 83% pour la filière oléicole, 36% pour les agrumes et 32% pour les rosacées. Grâce à l’approche méthodologique qui a été adoptée dans le cadre du Plan Maroc Vert, on a pu atténuer et surmonter beaucoup de difficultés qui auraient pu affecter le secteur à travers notamment l’augmentation de l’utilisation des moyens de production et l’introduction de nouveaux mécanismes d’assurance agricole pour protéger les agriculteurs des risques inhérents à plusieurs aléas.
Cette année, les Assises de l’agriculture sont axées sur le développement rural, que visez-vous à travers le choix de cette thématique?
On ne peut parler de la vocation agricole du Maroc sans évoquer la prépondérance du monde rural. Plus de 45% de la population marocaine sont ruraux et 80% de cette population rurale tirent leurs revenus du secteur agricole. C’est un constat qui prouve que le développement de ce monde rural ne peut se faire sans un développement agricole durable, fort et bien ciblé. C’est aujourd’hui l’une des préoccupations majeures de notre pays : doter le monde rural de moyens et de stratégies efficaces, à même de lui assurer un décollage autant économique que social, une préoccupation que nous partageons avec plusieurs intervenants d’autres secteurs concernés par le développement rural. Lors de ces 5èmes Assises de l’agriculture, notre objectif est d’insister sur les spécificités du monde rural et de ses besoins particuliers en outils de production, en infrastructure et équipement. L’objectif est de démontrer que des politiques ciblées et adéquates sont le seul moyen d’organiser et d’encadrer l’effort de développement déployé dans le monde rural. Plusieurs exemples seront donnés, notamment à travers la présentation de «La stratégie renouvelée du développement des zones de montagne», «La stratégie de développement des produits du terroir» ou encore le modèle de l’Agence de développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA). Nous restons persuadés qu’une convergence des efforts interdépartementale est une condition pour réaliser une meilleure force de frappe et atteindre des résultats satisfaisants.