Spécial

Hommage au Dr. Benmansour

© D.R

La libération de 300 de nos concitoyens détenus en plein centre de l’Algérie est une occasion de rappeler qu’environ 200 autres Marocains sont toujours incarcérés dans des prisons hors de la région de Tindouf. Malgré tous les crimes commis par le polisario dans les camps de Tindouf et les exactions sommaires des prisonniers marocains civils et militaires, il y a des ONG et des gouvernements dans le monde qui ignorent, absolument tout, de ce qui se passe dans les camps de la mort. Vers la fin des années 1980, j’ai entendu une information sur les ondes de la radio du polisario qui m’a énormément choqué et qui a déprimé tous les détenus marocains à Tindouf. Le Parti Chrétien Démocrate Italien a remis au président des mercenaires, Mohamed Abdelaziz, un wissam pour les efforts qu’il a soi-disant fourni pour la promotion des droits de l’homme. C’est ahurissant. Comment un homme, premier responsable de la politique de torture et de liquidation dans les camps de concentration, peut-il être considéré, par un parti politique d’un grand pays démocratique tel que l’Italie, comme un homme de paix et de droits de l’homme? Une question à laquelle j’ai rapidement réussi à répondre : le rôle des médias. Malheureusement, le Maroc n’a pas su utiliser les médias internationaux comme l’ont fait les mercenaires du polisario avec le soutien ininterrompu de l’Algérie. Grâce à des reportages truqués et de faux témoignages, les polisariens ont réussi à induire en erreur plusieurs gouvernements et organisations internationales. Mais la vérité finit toujours par éclater. Mon témoignage, je le rappelle encore une fois, a pour objectif de contribuer à mettre toute la lumière sur les crimes du polisario. Aujourd’hui, je souhaite traiter des différentes maladies qui ont touché les prisonniers marocains et continuent encore. 914 Marocains sont toujours détenus à Tindouf et leur situation sanitaire est au plus bas. Je citerais les principales maladies dont nous avons souffert. Depuis le début des années 1990, j’ai été assigné par le polisario à travailler avec deux médecins militaires marocains, également détenus avec nous. Ces deux officiers auscultaient les prisonniers marocains et leur prescrivaient des médicaments pour apaiser leurs douleurs. Moi, je m’occupais de la gestion de l’infirmerie et surtout de la traduction des rapports de ces médecins sur la situation médicale dans les camps. Les rapports étaient rédigés en français et moi je me chargeais de les traduire en espagnol pour faciliter la tâche aux ONG espagnoles qui nous rendaient visite. Je reviendrais plus tard à cette période de ma détention. A cause du froid et de la faim, tous les prisonniers marocains éprouvaient des douleurs rhumatismales ainsi que le sciatique et des dorsalgies. La saleté et le manque flagrant d’hygiène ne facilitaient pas les choses, puisque les infections intestinales, les hémorroïdes et autres gastralgies sont très fréquentes chez les prisonniers. Sans oublier les pertes des dents et leur déchaussement à cause notamment d’une grave carence en vitamine C. Celle-ci est également responsable de la propagation vertigineuse du scorbut parmi tous les détenus. Pratiquement, tous ces prisonniers souffrent d’asthénie physique, de maladies des yeux comme la cataracte ainsi que des coliques néphrétiques. Sur ce point, je rappelle que l’eau potable était pratiquement inexistante dans les camps. Les quelques gouttes dont nous avions le droit nous étaient servies dans des barils d’essence et de gasoil. Ces maladies physiques sont aggravées par des souffrances morales. A force de réfléchir, bon nombre de séquestrés sont devenus insomniaques et ont commencé à souffrir de céphalées. Après plusieurs années passées sous ce rythme infernal, bon nombre de détenus sont devenus diabétiques et cardiaques. L’asthme était également très répandu. Sans oublier la fièvre et les problèmes de respiration ainsi qu’une grippe endémique qui dure toute l’année chez les détenus. Le climat du Sahara (six mois de froid et six mois de chaleur) n’arrange pas les choses. Par ailleurs, les travaux forcés auxquels nous étions tous contraints de participer, chaque jour que Dieu fait, et surtout les poids lourds que nous soulevions sont responsables des hernies. A cela, il faut ajouter les conséquences des tortures que nous subissions. Les fractures des os sont très fréquentes. Mais également les pertes de l’usage d’un oeil à cause des coups. Les polisariens ont une manière spéciale de donner des gifles qui consiste à toucher l’oreille de leur victimes. A cause de cela, les tympans de plusieurs prisonniers marocains ont été atteints de graves lésions. Je citerais le cas du Dr. Benmansour Azzedine, un médecin généraliste marocain séquestré en 1979 alors qu’il effectuait son service militaire dans les rangs de l’armée marocaine. Nous avons été libérés ensemble, le 1er septembre dernier. A cause des gifles dont je viens de vous parler, le Dr. Benmansour emprisonné dans le camp du 12 octobre, a perdu une bonne partie de son ouïe. A son retour au Maroc, il a consulté des spécialistes mais les chances de guérison sont très minces, pour ne pas dire inexistantes. Le Dr. Benmansour est aujourd’hui parmi les siens dans la ville de Fès. Les oreilles sont une cible privilégiée des bourreaux du polisario. Une torture consistait à ligoter les prisonniers puis leur introduire un insecte dans l’oreille. Inutile de vous décrire ce que ressent la victime. Autre torture: introduire du sable très finement tamisé dans les yeux des prisonniers marocains. Ces pratiques inhumaines ont altéré la vue de plusieurs de nos concitoyens détenus par le polisario sur le territoire algérien. Demain, je continuerai dans ce registre, celui des maladies et autres problèmes médicaux dans les camps de Tindouf. La dégradation de notre santé était telle que nous considérions les plaies aussi profondes soient elles comme peu graves. A la longue, nous sommes devenus habitués à la douleur, aux infections et autres fractures des os.

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