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La Céramique : Un Art de Vivre

Un aspect de la culture matérielle marocaine est ainsi donné à voir dans un double souci, esthétique et scientifique. Esthétique dans la mesure où cette céramique a une valeur artistique indéniable qui s’ajoute à sa fonction utilitaire. Scientifique parce qu’elle constitue un document pour quiconque s’intéressant à l’Histoire de Fès, à sa production culturelle et, d’une manière générale, à la civilisation marocaine. Valeurs intrinsèque et extrinsèque vont donc ici de pair dans une complémentarité exemplaire. Les chercheurs se heurtent au problème des origines de cet art. Au-delà des spécimens, l’ancienneté de l’utilisation de l’émail a été au centre des préoccupations: des «Maâlems» : est-il antérieur à la période Almohade à laquelle l’on attribue généralement les débuts de la céramique comme l’attestent les chroniqueurs et quelques détails architecturaux comme les pièces découpées qui ornaient, avant sa restauration, les hauteurs du minaret de la mosquée de la Koutoubia? Nous nous résignons à attendre l’étude du matériel archéologique de ces fouilles et de futures recherches pour pouvoir trancher. Les techniques de fabrication, les formes, les décors et les fonctions sont nettement mieux connus depuis l’ouvrage incontournable d’Alfred Bel (1918) et les recherches de Jean de la Nezière (1917), d’Henri Terrasse et Jean Hainaut (1925), d’André Boukobza (1974), de Mohamed Sijelmassi (1986) et d’Alain Loviconi et Dalila Belfitah (1991), pour ne citer que ceux-là. On connaît les étapes de la fabrication, les techniques et l’organisation du travail. Les recherches ultérieures sur la poterie et la céramique marocaines ont pris une orientation ethnoarchéologique : l’étude des productions actuelles en comparaison avec les pièces archéologiques. Les formes et surtout les décors sont encore mieux connus, même si leurs significations demeurent largement énigmatiques. La dichotomie monochromie/polychromie résume le registre des couleurs utilisées, bien que le nombre de celles-ci soit assez limité, entre autres, par les minerais disponibles à l’origine. Qu’elle soit bleue ou polychrome, la céramique de Fès excelle dans le choix des tons et dans l’agencement des motifs décoratifs qu’elle utilise. Les fonctions des céramiques reflètent un art de vivre et ne peuvent être comprises que si elles sont replacées dans le cadre de la production matérielle de Fès conservation de produits alimentaires solides ou liquides (jarre, pot, gargoulette…), présentation de mets (plat, assiette, jatte…), savoir religieux (encrier), éclairage (lampe à huile), fragrance et prophylaxie (brûle-parfum).

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