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«La redevance postale handicape notre secteur»

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Aujourd’hui Le Maroc : Quel regard portez-vous sur le secteur de la messagerie au Maroc ?
José Maria Teixeira : Il s’agit d’un secteur à très haute valeur ajoutée puisqu’il offre aux opérateurs  marocains la possibilité de transporter leurs documents et colis dans des délais record. L’ouverture du pays sur l’économie mondiale, la globalisation dont nous sommes une des conséquences les plus évidentes, développent inévitablement le marché du fret express. Les entreprises marocaines ne sauraient d’ailleurs plus se passer des avantages de l’express, devenu un véritable outil de gestion sur un marché en constante expansion. Si, au départ, DHL transportait essentiellement des documents et des pièces détachées,  un autre marché s’est rapidement développé : celui des colis et des gros poids. Les entreprises textiles ont, par exemple vite, compris tout l’intérêt du fret express dans un marché où la réactivité, le just-in- time  sont devenus des conditions sine qua non de réussite. La confection marocaine se spécialisant chaque année davantage sur le marché du réassort, lequel nécessite des délais de réaction de plus en plus courts, le transport express est devenu incontournable pour expédier des échantillons ou une nouvelle collection. Ceci est également valable, et de plus en plus, dans les industries qui se développent de manière croissante au Maroc telles que le câblage, le Hi-Tech, l’automobile et ses pièces détachées… D’autant plus que nous, DHL, prenons en charge toute la gestion administrative de l’envoi, notamment les formalités douanières et libérons ainsi l’entreprise d’une paperasserie trop coûteuse en temps et en énergie. Enfin, et pour conclure, quant au regard à porter sur le marché de l’express, il s’agit d’un véritable baromètre de l’économie marocaine. De plus, depuis l’arrivée de la concurrence, les perspectives de développement sont manifestes.

Quels sont les handicaps du développement de cette activité ?
Je parlerais principalement de la redevance postale que nous payons sur tous les envois entrants et sortants et qui représente jusqu’à 15% du chiffre d’affaires réalisé au Maroc. Cette redevance n’est plus adaptée aux règles du commerce international ni à l’expansion de l’activité express dans le Royaume. Elle représente, de plus, une lourde  charge qui réduit quelque part l’effort d’investissement que nous pourrions avoir… En fait, elle va à contre-courant des accords de libre échange que le Maroc prône et  de la libéralisation mise en avant pour attirer les investisseurs étrangers. Un autre handicap important est celui de l’impossibilité réglementaire que nous vivons  quant à une offre de service national. Aucune des sociétés de l’Express installées au Maroc ne peut faire de la messagerie nationale. Alors que dans tous les autres pays du Maghreb, le service domestique fait partie intégrante de notre activité, ici nous ne pouvons y toucher et cela est une contrainte malheureuse, alors que nos clients ne cessent de nous le réclamer!

DHL a été le premier acteur sur le marché marocain. Comment faites-vous pour gérer la concurrence, de plus en plus ardue sur le marché ces derniers temps ?
En tant que pionnier de cette activité, nous sommes constamment en première ligne de l’innovation technologique. Nous avons aujourd’hui 8 agences en nom propre à travers le Royaume et investissons régulièrement dans la formation de notre personnel, dans la mise à niveau de nos outils de travail, dans le commerce électronique et dans les solutions logistiques intelligentes. La concurrence ne nous fait pas peur, au contraire, elle nous stimule. Nous sommes d’ailleurs, depuis l’arrivée des opérateurs de l’express sur le marché marocain, l’entité qui garde les plus grandes parts de marché avec plus de 50% !  Nous avons, en effet, un  atout de taille : nous sommes les seuls à opérer avec notre propre avion. Un Boeing 757 DHL atterrit et décolle tous les jours de l’aéroport Mohammed V. Notre offre de produits est en constante innovation et nous permet de rester leader sur le marché. D’ailleurs, en bons « marketers », nos concurrents dupliquent nos promotions et les ajoutent à leurs offres : Etudiants, Ramadan, Artisanat…nous étions les premiers à lancer ces produits, la concurrence s’en est saisie elle aussi ! Quelle que soit la situation, nous comptons bien nous améliorer et nous rapprocher de plus en plus des attentes de nos clients afin de maintenir, voire de dépasser cette part de  marché.

Vous venez de créer une association l’ASCEM, quel en est le but ?
L’Association des Sociétés de Courrier Express du Maroc a été créée par les quatre plus grands intégrateurs, à savoir DHL, UPS, FeDex et TNT. Elle est un véritable outil de dialogue entre ce secteur et les autorités de tutelle, le gouvernement et tout organisme qui touche directement ou indirectement au bon déroulement de ses activités. L’une de ses missions  sera de revoir la réglementation de manière à permettre au transport express d’être un acteur majeur des échanges commerciaux. Deux commissions ont d’ores et déjà été créées : la Commission Concurrence et réforme du marché et la Commission Douane. Nous espérons, par exemple, que la réforme postale, que le gouvernement a prévu de mettre en place, donnera aux membres de notre association plus de liberté quant à l’offre de service sur le territoire national. Nous travaillerons aussi sur les redevances postales qui sont, comme je vous l’ai déjà dit, un frein à l’effort d’investissement de notre secteur. Enfin, en tant qu’association, nous avons pour objectif de promouvoir le marché de l’express et de le rendre plus compétitif.

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