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Latifa Jbabdi : «J’ai trois passions dans ma vie : les enfants, le social et la politique»

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ALM : Parlez-nous du parcours de Latifa Jbabdi, la députée et la militante ?
Latifa Jbabdi : J’ai été militante depuis mon jeune âge. Très tôt je me suis intéressée à la politique et au syndicalisme. J’ai contribué à l’émergence de mouvements qui militent en faveur des droits de l’Homme. Je suis chargée des relations extérieures de l’Union de l’action féminine (UAF) et Membre fondateur de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). J’ai assuré la direction du journal «8 Mars». Je suis actuellement membre du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) et de l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE). Dans les années 70, j’étais membre de l’organisation «23 mars». C’était l’époque où j’ai fait l’objet d’une persécution. Au moment où l’OADP et le PSD ont fusionné avec l’USFP j’ai intégré le rang de ce parti de gauche. J’étais membre de l’IER. En dehors de mon intérêt à la politique, je suis mère de deux grands garçons. D’ailleurs j’ai trois passions durant ma vie: les enfants, le social et la politique.

Comment évaluez-vous ce qui a été réalisé jusqu’à présent en matière de droits de la femme ?
Le Maroc a réalisé des avancées considérables en matière de droits de la femme. On peut citer comme exemple la réforme de la Moudawana, la réforme du code pénal, la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes, l’adoption par le gouvernement de projets sensibles du genre qui permet d’atténuer la discrimination entre les sexes. Une approche genre a été mise en place, des avancées ont été réalisées par l’INDH, la lutte contre la pauvreté et la scolarisation des filles. Mais en dehors de ces acquis, il reste beaucoup de choses à faire. Nous avons d’autres défis à relever.

Etes-vous satisfaite du taux actuel de représentation des femmes marocaines au sein des instances politiques ?  
Je ne me permets pas de dire que je suis satisfaite du taux actuel. Le grand enjeu actuel de la femme marocaine est son intégration dans le processus de prise de décisions. L’absence de la femme de la scène politique ne peut avoir qu’un impact négatif sur ses droits. Durant les élections de 2007, il y a eu une régression. Ce qui a été réalisé durant les élections de 2002 est plus important que ce qui a été réalisé en 2007, en termes de femmes élues au sein du Parlement. Après les élections de 2007 le Maroc a été relégué au 6ème rang dans le monde arabe en ce qui concerne la représentativité féminine. On n’a pas avancé et qui n’avance pas, recule. Au niveau de la Chambre des représentants, le constat est plus alarmant puisqu’il ne s’agit que d’une présence symbolique. Pire encore, au niveau des conseils locaux le taux est de 0,58%. Cette situation est inacceptable.

Le législateur marocain a mis en place un système de quota et a engagé les partis politiques à respecter un seuil de 12% de représentativité féminine. Que pensez-vous de cette initiative ?
Le taux de 12 % reste en deçà de nos attentes. Nous avons milité pour le tiers, soit 33%. Mais le seuil de 12% reste quand même un pas franchi vers la consécration de la participation de la femme dans la vie politique. Un pas important, si on le compare bien sûr avec ce qui prévalait jusqu’à présent, à savoir le taux humiliant de 0,58% de représentativité des femmes au sein des conseils locaux.

Que proposez-vous pour encourager la présence de la femme marocaine dans la vie politique ?
Tout d’abord, ce qui doit être fait dans le cours terme c’est la préservation et la bonne gestion des acquis. Nous devons accentuer la présence qualitative des femmes et non pas seulement quantitative. Les partis politiques sont appelés à présenter des femmes dans le cadre de listes uninominales.
Les femmes doivent également se présenter en tant que têtes de liste. Je pense qu’on doit former, plaidoyer auprès des partis politiques et sensibiliser.
La formation revêt une importance capitale car on doit préparer la femme à la gestion locale. On doit également plaider auprès des partis politiques car ces derniers disent ne pas avoir de femmes compétentes. Alors que la sensibilisation des femmes tend à les motiver et influer leur action en vue de parvenir à plus de participation des femmes dans la vie politique.

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