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Les choix d’un développement durable

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Comment se porte la région d’Agadir ?
Mohamed Ali Ghannam : La région Souss-Massa-Drâa en général et particulièrement celle d’Agadir se portent bien.
Au Début de ce semestre 2004, tous les clignotants sont passés au vert.
Les secteurs qui ont souffert de conjonctures exogènes difficiles en 2002 et 2003 comme le tourisme à cause des événements du 11 Septembre et du 16 mai, ou la pêche hauturière à cause du repos biologique, renversent la tendance et enregistrent de bonnes performances. A titre d’illustration, le nombre de nuitées déclaré par les hôtels classés enregistre une hausse remarquable de +28% en mai 2004 par rapport au même mois de l’année précédente. Il est de +10% sur la période de janvier à mai 2004. Cette hausse est de surcroît structurelle, car elle concerne la quasi – totalité des marchés émetteurs français (+30%), interne (+18%), et même ceux qui ont été le plus affectés comme les marchés allemand (+14%), belge (+39%) ou italien (+112%).
De même les perspectives pour l’été et l’automne prochains permettent d’affirmer que cette tendance haussière sera accélérée. Quant aux autres secteurs locomotives de la région que sont l’agriculture intensive (agrumes et primeurs) et le secteur de la transformation et de la valorisation des produits de la mer, ils continuent d’enregistrer des performances remarquables et d’améliorer leurs exportations ainsi que leur part dans les exportations nationales.
A titre d’exemple, notre région, qui contribue pour 48% dans les exportations des conserves de poissons, a vu celles–ci augmenter de 40% en volume, et de 39% en valeurs en 2002 – 2003 par rapport à la campagne précédente.
A l’instar des autres régions dynamiques du Maroc, Agadir est également un grand chantier : dans le BTP, les investissements touristiques ainsi que dans le domaine des infrastructures de base.
Enfin, depuis le début de cette semaine, Agadir est en fête avec son Festival «Timitar» de musiques amazighe et du monde.
Vous êtes wali d’Agadir depuis deux ans. Quels sont les projets que vous avez menés à bon port et ceux qui restent à concrétiser?
Tout d’abord, le Centre régional d’Investissement d’Agadir a été mis en place pour accueillir et accompagner les investisseurs. C’est ainsi que sur le millier (1000) de projets reçus à fin mars 2004, environ 500 ont été instruits favorablement pour un montant global d’investissement d’environ 3,5 milliards de DH et 12.000 emplois. Ils concernent pour 39% l’habitat, 30% le tourisme et 15% l’industrie.
Mais au – delà des chiffres, pendant cette période, Agadir a enregistré effectivement l’augmentation de sa capacité hôtelière de plus de 20% passant ainsi de 21.000 lits à fin 2001 à 26.000 lits actuellement; 1.500 autres lits sont en cours de construction et des projets pour environ 3.000 autres lits sont murs pour démarrer les chantiers en septembre 2004.
De même, le rythme est soutenu au niveau de l’habitat; en plus de l’ERAC principal promoteur dans la région, nous avons incité les grands promoteurs privés du Royaume et de la région à investir. Plus de 1.500 logements sont construits par le secteur privé.
En ce qui concerne le secteur de l’agriculture, tous les efforts sont concentrés sur la problématique de l’eau. 3 barrages ont été inaugurés par SM le Roi pendant cette période. Un grand projet d’adduction d’eau d’irrigation du barrage Mokhtar Soussi vers la région de Guerdane sera concédé au privé sous forme de BOT.
Dans le cadre de l’économie de l’eau, 20.000 ha sur un total de 48.000 ont été convertis à l’irrigation au goutte à goutte.
Pour le secteur de la pêche, nous notons avec satisfaction l’avancement de la mise à niveau de ce secteur en conformité avec les exigences des marchés – clients ainsi que l’ouverture du centre de valorisation des produits de la mer qui permettra à coup sûr d’avoir plus de valeur ajoutée au niveau local dans l’avenir. Au niveau des infrastructures, nous pouvons citer :
– Le Projet d’adduction d’eau potable du barrage Moulay Abdellah vers Agadir (800 millions de DH d’investissements pour l’ONEP) qui permettra au grand Agadir et au futur projet de Taghazout d’être approvisionnés jusqu’à 2025.
– La 2ème tranche du projet d’assainissement du grand Agadir par la RAMSA. Toutes les eaux usées seront traitées avant rejet, et une bonne partie sera réutilisée pour l’arrosage des golfs et des espaces verts.
– La double voie rapide entre Agadir Taroudant.
– Le triangle de pêche au port d’Agadir.
– Le Stade d’Agadir.
– Les routes rurales, l’adduction d’eau potable et l’électrification rurale où la région enregistre des performances remarquables et le couronnement a été l’annonce faite par SM le Roi, que Dieu le glorifie, du lancement de l’autoroute Agadir – Marrakech à partir de septembre 2005.
Les besoins de développement étant importants, il est clair que beaucoup reste à faire pour assurer un environnement favorable qui puisse drainer encore plus d’investissements et donc plus de valeur ajoutée et d’emplois pour la région;
Je pense particulièrement au secteur touristique où des projets restent à concrétiser comme :
– La nouvelle station balnéaire de Taghazout qui a malheureusement connu les déboires que vous connaissez.
– Le réaménagement urbanistique de la ville d’Agadir pour la rendre plus agréable à vivre (une étude est en phase finale dans ce sens) avec des promenades, des espaces verts…)
– L’animation de la ville avec des activités de loisirs et culturelles.
Au niveau de la résorption des bidonvilles, il y a lieu d’accélérer le rythme pour faire face à l’urbanisation rapide du grand Agadir, signe par ailleurs d’un dynamisme économique. Il faut bien entendu poursuivre le programme de développement intégré du monde rural et celui de proximité dans les quartiers périphériques.
Comment concevez–vous votre mission de wali d’une région aussi importante ?
Je pense que la mission d’un wali de région est d’abord d’arrêter un plan stratégique de développement économique et social de la région et les priorités, compte tenu des faibles ressources aussi bien humaines que matérielles.
Ce plan élaboré avec toutes les forces vives de la région, doit avoir l’adhésion de tous et notamment des équipes qui sont chargées de le mettre en oeuvre, à savoir Messieurs les Gouverneurs, les élus et les services extérieurs.
A partir de là, le wali doit canaliser toutes les mesures humaines et financières aussi bien de l’Etat, à travers les ministères et leurs services extérieurs, que des conseils élus vers les secteurs et les actions prioritaires.
Par ailleurs, à travers le CRI, le Wali doit mobiliser tous les intervenants dans l’acte d’investir pour faciliter l’investissement et attirer le maximum d’investisseurs nationaux et étrangers. D’où un rôle de facilitation.
Enfin, bien entendu, tout cela en plus des missions bien définies et relatives notamment à la sécurité, à la tutelle des collectivités locales et aux affaires politiques.
Quelle est votre approche développée sur le terrain pour ce qui est de la concertation entre l’autorité locale et les élus ?
La concertation entre l’autorité locale et les conseils élus découle de l’approche que j’ai décrite plus haut. En effet, dans la mesure où le plan stratégique et les priorités sont partagés avec les élus, ils sont déclinés en actions (ou en projets) pour chaque collectivité locale en fonction de ses compétences.
Ainsi, cette concertation en amont permet, dans le cadre de l’élaboration des budgets des collectivités locales, de prendre en compte ces priorités. Le reste en découle après sous forme de projets, de marchés et d’actions.
La concertation est permanente avec les présidents du Conseil régional, du Conseil Préfectoral d’Agadir et du Conseil communal.
Avec M. le président de la région,qui a apporté une dynamique nouvelle à la région depuis son élection, nous avons co-piloté une étude stratégique de grande envergure qui, grâce à sa nouvelle approche de mise en oeuvre, va, j’en suis persuadé, accélérer le développement économique et social de la région.
Je pense que nous avons instauré un esprit de partenariat avec les Conseils élus, terme, d’ailleurs, que je préfère à celui de tutelle; ceci dans le cadre du nouveau concept de l’autorité et de la consolidation de la démocratie locale.
La nouvelle charte communale avec un conseil municipal unique, Fonctionne-t-elle mieux que l’ancienne ?
Pour Agadir, au lieu de 4 communes urbaines et une communauté urbaine auparavant, nous sommes passés à une commune urbaine avec un Conseil municipal unique, mais sans le système des arrondissements puisque le membre d’habitants est inférieur à 500.000.
L’objectif, rappelons le, est de réunir les moyens pour avoir une vision unique de la ville et mettre à niveau les quartiers périphériques mais qui sont également les entrées de la ville (Anza, Tikiouine, Bensargao), tout en gardant une proximité avec les citoyens pour ce qui concerne leur vie quotidienne (papiers administratifs, entretien rapide, nettoiement, etc..)
Je pense que ce nouveau système met du temps pour démarrer, mais que les résultats ne commenceront à se faire sentir qu’à partir de 2005 dont le budget intégrera cette nouvelle vision et cette nouvelle approche.
De même, l’année 2004 sert à restructurer l’organisation interne de la nouvelle commune qui a hérité de 5 structures, en fonction des priorités arrêtées et de l’unité de la ville.
Quels sont à votre avis les freins qui bloquent un développement urbain harmonieux de la ville ?
Ils sont nombreux. On peut citer : – L’historique de l’urbanisation de la ville qui s’est faite en «Patchwork» par la succession de quartiers collés et qui se sont étalés dans l’espace.
– Le passif de bidonvilles et des quartiers anarchiquement construits sans assainissement, sans routes, sans équipement,…
– La pression démographique et le taux d’urbanisation rapide de la ville (environ 7,5% par an) qui ajouté au déficit en logements existants, nous oblige dans le cadre de la politique gouvernementale des 100.000 logements, à assurer notre part estimée à 10% environ.
Deux actions importantes sont lancées pour relooker la ville :
– Un grand programme de recasement des bidonvilles et de restructuration des quartiers anarchiques.
– Des études de réaménagement urbanistique et architectural de plusieurs quartiers de la ville et notamment le secteur touristique et balnéaire, qui seront la base des prochains budgets de la commune.
En parallèle, la maîtrise des futur quartiers et des nouvelles constructions, la lutte contre les bidonvilles et les constructions illicites, sont les actions indispensables pour arrêter les dégâts.
Peut-on dire qu’une nouvelle dynamique s’est instaurée en termes d’engagement local et d’implication des élus après les dernières élections communales?
Les dernières élections ont permis à de nouveaux profils d’élus d’accéder aux bureaux des Conseils locaux (région, préfecture, communes).
A ce titre, notre région peut s’enorgueillir d’avoir, parmi les présidents et les bureaux de certains conseils, des entrepreneurs, des managers et des personnalités de grande valeur.
Leur ambition pour le développement économique et social de la région d’Agadir est grande, et leur engagement local et leur implication quotidienne dans les affaires de la région et de la ville sont proportionnels à cette ambition.
Le budget alloué à la ville d’Agadir est-il suffisant à votre avis pour la mise en place et l’entretien des infrastructures et équipements nécessaires ?
Pour ma part, je pense que tout projet bien étudié et dont la rentabilité économique pour la collectivité est démontrée, peut facilement trouver des financements adéquats.
Aussi, la démarche de prioriser les besoins en termes de projets bien définis et surtout bien étudiés est importante.Ceci dit, le budget actuel d’Agadir qui tourne autour de 230 millions de DH, ne permet de prévoir pour l’équipement qu’environ 40 million de DH/an compte tenu du poids des dépenses de fonctionnement et surtout de la masse salariale.Toutefois, compte tenu de l’état des crédits non engagés (environ 90 million de DH), de l’effort de recouvrement des impôts en cours et des possibilités de lever des crédits externes (FEC ou partenariat), le nouveau Conseil a de quoi faire face à ses investissements et à l’entretien des infrastructures à condition de hiérarchiser les besoins de la ville et ne pas disperser les efforts.
Où en est le projet de résorption des bidonvilles de la ville ?
Agadir compte malheureusement environ 12.000 baraques réparties dans plusieurs bidonvilles à travers la ville.Le programme de résorption des bidonvilles, qui a accusé un retard, est finalement prêt.
Sur hautes instructions de SM le Roi et dans le cadre de la politique gouvernementale, Agadir a bénéficié d’environ 2.000 ha pour résoudre définitivement ce problème d’ici 3 à 4 ans.
En 2002 – 2003, en marge de la préparation des grands projets de recensement par l’ERAC, l’ANHI et la SNEC, nous avons assaini le reliquat des anciens programmes, soit environs 300 baraques.
Depuis le début de 2004, les premières tranches de 2 grands programmes sont fin prêts et les déménagements des bidonvilles ont commencé depuis un mois. Il s’agit de :
– Hay Mohammadi (environ 3.000)
– Hay Farh (environ 2.500)
3 autres programmes ont été lancés: Laguira (500), Taddart–Anza (4.000) et ADRAR (1.000).

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