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Les larmes de joie de Hamidou

© D.R

ALM : Avec quel sentiment avez-vous accueilli l’hommage qui vous a été rendu aux cotés du réalisateur américain Martin Scorsese ?
Hamidou Benmassoud : Cet hommage vient couronner 37 ans de carrière. Je ne peux qu’en être satisfait. J’ai d’ailleurs été très ému lorsqu’on a fait appel à ma fille Souad pour me remettre le trophée. C’était une agréable surprise. Par cet hommage, je suis rentré par la grande porte, je le considère comme une véritable « mise au point » de ce que j’ai fait et de ce qui me reste à faire.

Entendez-vous que tout n’est pas encore joué pour vous ?
Il reste encore tant à faire. Je devrais participer à davantage  de films, que ce soit au plan national ou international. Je viserais toujours à imposer l’image de l’artiste marocain à l’étranger. Représenter dignement mon pays a toujours été mon but. Je préfère projeter l’image de mon pays à l’étranger plutôt qu’ici.

On vous reproche justement de ne pas avoir assez fait pour votre pays natal…
Ceux qui me le reprochent ont tort. Cela prouve qu’ils sont recroquevillés sur eux-mêmes. Je trouve qu’ils devraient ouvrir leurs fenêtres car de nos jours lorsqu’on fait une réalisation à l’échelle nationale, cela ne suffit plus. Si j’ai crevé pour avoir un renom à l’étranger en tant que Marocain, je me dis tant mieux. Et moi, j’ai choisi l’exil pour aller apprendre mon métier.
Aujourd’hui, il faut tendre la main au monde extérieur, car la communication avec le monde extérieur fait la grandeur d’un pays. Lorsqu’on reste enfermé sur soi-même, cela ne sert à rien. C’est pour cette raison que je suis fier d’être parti pour  faire carrière à l’étranger, car cela se répercute positivement sur mon pays. La preuve, on dit Amidou le Marocain et non pas autre chose.

Vous vous appelez Hamidou Benmassoud, pourquoi vous attribue-t-on le surnom occidentalisé de Amidou ?
Chaque acteur dans le monde choisit un nom qui est simple, efficace et facile à être projeté sur l’écran ou à être utilisé dans les médias.
C’est aussi pour faciliter la communication avec les étrangers. Je n’ai pas choisi le surnom d’Amidou pour me planquer, je ne m’appelle pas Robert, ni Henri. On dit tout simplement Amidou, car les Européens ont du mal à prononcer le H. Quand j’ai décidé de faire ma carrière à l’étranger, il y avait beaucoup de choses qu’il fallait préparer avec, à savoir une culture, leur tactique, la façon avec laquelle ils jouent et aussi la façon avec laquelle ils communiquent. Vous avez 95% d’acteurs français ou américains dont leur nom artistique ou celui de leur carrière n’a rien à voir avec celui de leurs familles.
Il n’y a aucun reniement là-dedans, puisque nous sommes nés avec un physique et mon physique n’est pas celui d’un Français ou d’un Hollandais, c’est bel et bien celui d’un Marocain et j’en suis fier. Je revendique tout à condition que ce soit pour l’intérêt de mon pays, le Maroc.

Dans votre discours lors de la cérémonie, vous avez remercié la France et certains cinéastes ont critiqué vos propos. Quelle est votre réplique à cela ?
Décidément, lorsque les gens veulent critiquer, il faut qu’ils analysent les choses comme elles sont. Je continue à revendiquer ma reconnaissance à un pays qui m’a accepté et qui m’a appris beaucoup de choses.
C’est en effet en France où j’ai fait ma carrière. Je revendique donc mon appartenance à mon pays d’adoption. J’ai vécu pendant 25 ans dans le respect de leurs lois et de leurs traditions, mais le cœur et l’esprit ne peuvent être qu’au Maroc.

Vous avez commencé votre carrière d’abord dans le théâtre. Le théâtre est-il, selon vous, le passage obligé pour tous les grands acteurs de cinéma ?
En fait, on peut être un grand acteur de cinéma, mais ne pas réussir au théâtre. Belmondo est parvenu à le faire puisqu’il a fait ses premiers pas dans le théâtre. Je pense que commencer dans le théâtre est un plus. Cela vous permet d’avoir une véritable présence sur scène et de maîtriser le personnage. Lorsque j’étais au conservatoire de Paris, on faisait appel à nous pour faire du cinéma.
Le théâtre est une véritable expérience à vivre et à partager. Il y a quelques années, Ahmed Tayeb Laâlaj m’avait appelé pour un one man show intitulé « Le piston », une pièce qui relate les faiblesses de la société. C’était une expérience extraordinaire. Affronter le public pendant deux heures, ce n’est pas une chose facile.

Lorsqu’on évoque la carrière de Hamidou, on ne peut s’empêcher de penser à Claude Lelouche. Quel est votre rapport avec ce réalisateur français?
Je suis son acteur fétiche. Pour ma part, je considère ce metteur en scène comme un frère. Nous avons travaillé ensemble dans près de 14 films… D’ailleurs, tout le monde se rappellera du film de ce même réalisateur « La vie, l’amour, la mort » qui m’a ouvert les portes du cinéma universel et m’a propulsé au devant de la scène.

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