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Les visites des ONG : une bouffée d’oxygène

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Il ne faut pas croire que les crimes du polisario sont un secret pour tout le monde. Au contraire. Des dizaines d’hommes politiques du monde entier et d’organisations non gouvernementales (ONG) rendent régulièrement visite aux camps des prisonniers marocains, en présence de guides spéciaux, les responsables sécuritaires du polisario. Ces visiteurs viennent de tous les pays du monde, mais essentiellement d’Europe. Ils veulent savoir comment nous sommes traités? Depuis quand nous sommes détenus? Est-ce que nous avons des contacts avec nos familles? Ce sont les ONG espagnoles qui nous ont le plus visités. A chaque fois, nous leur avons montré la misère dans laquelle nous vivons et les exactions dont sont systématiquement victimes les prisonniers marocains. Je peux vous assurer que les ONG espagnoles sont au courant de tout cela, mais elles évitent toujours de faire éclater la vérité une fois de retour dans leur pays. C’est ce qui me pousse à croire que ces soi-disant associations et représentants de la société civile espagnole ne sont, en fin de compte, que des instruments politiques entre les mains du gouvernement espagnol ou de ses services secrets. Ce qui me conforte dans cette idée, c’est que j’ai remarqué que le nombre des ONG espagnoles à rendre visite aux camps des prisonniers s’est considérablement accru depuis la polémique sur l’accord de pêche. En effet, le refus du Maroc de renouveler cette convention a été utilisé par le polisario, avec l’aide précieuse de l’Algérie, pour s’attirer la sympathie de plusieurs associations espagnoles, notamment celles originaires de la région basque. A ce titre, je tiens à rappeler que l’Algérie et l’ETA basque entretiennent depuis longtemps de très fortes relations. Plusieurs membres de l’organisation terroriste basque se sont entraînés pendant des années en Algérie. A part les organisations espagnoles, d’autres, par contre, ont manifesté beaucoup de compassion à l’égard de notre cause et ont fourni énormément d’efforts en faveur de notre libération. Je citerais une célèbre députée européenne, Margot Kessler. Elle est originaire d’Allemagne et plus exactement de l’ancienne Allemagne de l’Est. Quand elle nous a rencontré pour la première fois, nous lui avons raconté les détails sur les tortures et les exécutions sommaires pratiquées par les responsables du polisario. Elle s’est effondrée en larmes. Elle a consacré beaucoup de son temps à la défense de la cause des prisonniers Marocains et leur libération. Elle s’est rendue à l’Onu, au Maroc et en Espagne pour mettre la lumière sur les crimes du polisario et la complicité des militaires algériens. Kessler est restée en contact, par courrier et à l’insu du polisario, avec un des prisonniers Marocains. Je ne vous donnerais pas le nom de ce détenu marocain, car il est toujours séquestré à Tindouf. Je vous expliquerai plus tard comment les courriers sont acheminés aux prisonniers. Autre personne qui nous a également rendu visite dans les camps de concentration du polisario: Marianne Stfuder. C’est une importante militante d’une ONG suisse. Comme pour Margot Kessler, nous avons tout expliqué à Stfuder. Elle, aussi, a été sérieusement émue de notre situation. Tout le monde a entendu parler de la fondation France-Libertés. C’est une ONG française dirigée par l’épouse de l’ancien président François Mitterand. Cette fondation a publié dernièrement un rapport accablant sur les multiples crimes commis par le polisario sur les prisonniers marocains. J’ai moi-même rencontré les deux membres de cette fondation, rédacteurs de ce fameux rapport. Il s’agit de Pauline Dubuisson et Afifa Karmous. Cette dernière est française de nationalité mais tunisienne d’origine. Toutes les deux m’ont expliqué que ce n’est pas la première fois qu’elles rendent visite à Tindouf. Mais c’est, par contre, la première fois qu’elles rencontrent des prisonniers. Elles étaient constamment accompagnées des responsables de la sécurité. Mais souvent elles ont exigé de rester seules avec nous pour que nous puissions parler librement. Même si les polisariens s’en allaient, ils chargeaient certains prisonniers marocains d’espionner notre conversation avec les deux militantes de France-Libertés. Nous avons trouvé une parade pour déjouer la vigilance des taupes. Tout simplement en nous séparant en deux groupes, l’un avec Dubuisson et l’autre avec Karmous. Dès la publication du rapport de France-Libertés, j’ai subi personnellement plus d’un mois d’interrogatoire avec des responsables du polisario et des militaires algériens. Aujourd’hui, je peux affirmer que j’ai divulgué énormément d’informations aux émissaires de France-Libertés. C’est le cas de la liste des prisonniers marocains exécutés par le polisario. J’ai également donné d’autres informations précieuses à Dubuisson et Karmous, mais elles n’ont pas été publiées. Je reviendrai dans les prochains jours sur une partie de cette fameuse liste des détenus lâchement assassinés à Tindouf. Parmi eux, plusieurs étaient de très grands amis à moi. En somme, hormis les ONG espagnoles, toutes les autres nous ont expliqués que nous avons le droit, une fois libérés, de poursuivre devant les tribunaux internationaux pour crimes contre l’humanité, les responsables des exactions et des tortures dans les camps du polisario. C’est un de mes principaux objectifs désormais. Je suis prêt à consacrer toute ma vie à cette tâche. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) est sans doute celui qui nous a le plus aidés. Mais à plusieurs reprises, nous leur donnions des informations très précises sur les personnes exécutées par le polisario, mais ces informations n’étaient jamais publiées. C’est le cas de la liste que France-Libertés à rendue publique. J’avais donné cette liste au CICR bien avant et à plusieurs reprises. Je pense que la première fois fut en 1998. Mais le CICR n’en a rien fait. Ses responsables nous ont expliqués que si cette liste venait à être publiée, le polisario risquerait d’interdire carrément au CICR d’approcher les prisonniers. C’est donc dans notre bien que le CICR observait le silence. Mais nous leur disions que plus rien ne comptait pour nous. Nous étions morts d’avance. Rien ne pouvait être pire.

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