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L’Université, le dernier recours

© D.R

Comment l’université qui représentait, durant les années 70 et 80, un véritable privilège pour ceux qui s’y inscrivent, est devenue aujourd’hui l’unique ou le dernier recours pour les jeunes étudiants ?
Les opinions diffèrent à ce sujet. Majoritaires sont ceux qui pensent que le choix de l’université ne répond plus à une quelconque conviction ou passion. Autrement dit ce n’est pratiquement pas parce qu’on est un grand fervent de la littérature ou un mordu du monde de la création artistique et culturelle que l’on choisi une branche littéraire. Ce n’est pas non plus parce qu’on veut réussir une carrière de grand archéologue, déterrer, rectifier ou carrément corriger une grande vérité historique que l’on se dirige vers une branche d’histoire ou de géographie. Le problème se pose autrement pour les scientifiques qui, eux, s’inscrivent, souvent forcés à l’université dans des branches de biologie, géologie, physique ou chimie, sciences expérimentales, parce qu’ils ont raté un concours d’accès à des études en architecture ou en médecine. «Moi je ne pouvais même pas me permettre de fantasmer sur un quelconque concours, car je n’ai pas réussi à avoir de très bons résultats, condition sine qua non pour passer n’importe quel concours», déclare Mounia 19 ans.
Pour ceux qui rêvent de suivre des études supérieures au niveau de certaines grandes écoles ou instituts, les moyens financiers (frais d’inscription, frais de scolarité) ne suivent malheureusement pas. «Je suis tristement désolé de ne pas pouvoir réaliser le rêve de mon aîné. Il souhaitait s’inscrire dans une grande école de commerce. Il est brillant et a réussi pourtant à avoir de très bons résultats. Je ne suis qu’un simple commerçant ambulant et ce que je gagne, ne me permet pas de payer ses études, au Maroc, encore plus à l’étranger. On lui a donc suggéré, un dernier recours, l’inscription à l’université», confie tristement Saleh, 45 ans. Certaines grandes écoles demandent pas moins de 10 000 DH, rien que pour les frais d’inscription. Une année de scolarité pourrait facilement atteindre la somme de 40 000 Dh voire plus. Pour les étudiants issus, en grande majorité, de milieux modestes ou défavorisés, les études dans ce genre d’établissements sont considérées comme un luxe qu’ils ne peuvent pas se payer. Pour ceux qui rêvent de faire des études à l’étranger, et qui n’ont pas de bourse c’est encore pire. Il faut penser aux frais incommensurables que demande une simple inscription avant d’entamer le calcul des frais du voyage, du logement, etc. «Je n’ai pas de père. Nous sommes quatre à la maison. Ma mère travaille comme femme de ménage dans un super marché. Elle touche 1000 DH par mois. Nous avons un loyer à payer et des bouches à nourrir. Je fais de temps en temps des petits boulots pour aider ma mère. Je viens de décrocher un Bac lettres. Je m’inscris à la Fac par manque de moyens uniquement. Mais je ne sais pas si je vais pouvoir tenir. Car j’habite loin. Il me faut payer une carte mensuelle du bus, acheter les livres et les ouvrages qui coûtent les yeux de la tête…».  Pour ceux qui finissent par accepter de s’inscrire à l’université comme seul et dernier recours, ils demeurent hantés par une réalité cauchemardesque qui transforme l’université en un espace de futilité et de perte de temps, plus que jamais une institution figée, productrice de chômeurs car les études dispensées ne répondent pas aux exigences du marché de l’emploi. «Il faut donc penser à réformer la réforme universitaire», annonce Nadia, professeur universitaire.
Et pour résumer, disons qu’aucune réforme ne peut être efficace sans un diagnostic du système qui permettra d’éviter les erreurs du passé. Nul besoin d’une réforme tâtonnante ou de solutions émises dans l’urgence, encore plus quand il s’agit de l’un des principaux piliers du progrès de tout pays, à savoir l’enseignement. 

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