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Métiers : Le métal de toutes les envies

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Travaillé depuis des millénaires, le métal est source de créativité. Avec ses bruits uniques qui retentissent et pénètrent jusqu’au plus profond de l’âme. Chaque création fait l’objet d’une attention particulière. L’artisan façonne méticuleusement cette matière première. De la fonte, où il coule comme une rivière, à la sculpture, le métal côtoie l’eau et le feu pour donner naissance à des objets à la fois typiques et originaux. La ferronnerie a ainsi longtemps été un art typique de l’architecture marocaine. Un rôle qui touche principalement à deux types de réalisations. Les grilles apparaissent d’ailleurs plus particulièrement dans les villes où la présence ibérique a été très forte. C’est le cas d’El-Jadida et Essaouira par exemple. Que les motifs les composant soient simples ou compliqués, ils ne respectent que rarement les lois des tracés régulateurs, auxquelles s’astreignent pourtant toutes les autres disciplines. Les artisans ferronniers sont en plus très appréciés dans les grandes villes (Fès, Meknès, Marrakech), là où le fer est de plus en plus employé dans la réalisation de pièces qui remplacent peu à peu les moucharabiehs, qui nécessitent un travail fastidieux. Les grilles destinées à décorer fenêtres et balcons, ainsi que les belles grilles en fer forgé sont l’oeuvre d’artisans citadins attachés à la tradition andalouse.
Les ferronniers marocains excellent également en fabriquant de belles portes extérieures, le plus souvent en bois, bardées de plaques de fer maintenues à l’aide d’énormes clous forgés. En plus de l’architecture, le champ d’action des ferronniers est vaste. Leurs produits également : grilles-fenêtre, fourneau, serrures ou encore articles et instruments destinés à l’agriculture tels la hache, la pioche, la faucille, le marteau, les fers, les brides en plus des ustensiles de cuisine, les couteaux, les braseros, les trépieds, etc.
La dinanderie est également un art dans lequel les Marocains excellent. A base de feuilles de cuivre rouge (cuivre natif), de cuivre jaune (laiton), de maillechort (alliance de cuivre, nickel et zinc imitant l’argent) ou de ruolz (métal argenté) qui n’offre qu’une couche argentée extérieure, s’use et perd sa couleur avec le temps. Il est très difficile de distinguer le ruolz, le maillechort et l’argent. Le premier n’offre qu’une couche argentée extérieure, la qualité du second dépend de sa teneur en nickel, quant au troisième, il ne s’utilise plus qu’en bijouterie. Le métier de la dinanderie s’appuie ainsi sur le travail de la feuille de cuivre et sa transformation en articles utilitaires ou simplement décoratifs. Les artisans dinandiers sont établis depuis l’époque du Moyen-Age.
Depuis des centaines d’années on aura vu donc se succéder les styles dans une atmosphère meublée par le bruit des marteaux sur le cuivre. La technique est donc ancestrale et a été héritée de père en fils pendant des siècles. En martelant et en chauffant une feuille découpée en rond, on obtient un petit pot fermé. Pour obtenir un bracelet, la soudure est indispensable. En trouant, gravant, martelant, on obtient des tables, des coffres, des plateaux, flacons de parfum, deslanternes… Les pièces sont en général embouties et chaque fabricant les marquera de son poinçon.
La damasquinerie est également un art très apprécié par les Marocains. Cet art délicat est utilisé dans la décoration d’éperons, d’étriers, de gardes de sabres mais aussi pour la fabrication de vases, d’assiettes, bracelets, bagues, brûle-parfums….
Au Maroc, cet art de l’incrustation d’un métal dans un autre fleurit surtout à Meknès.
La damasquinerie consiste à incruster dans le métal des fils lisses ou torsadés en cuivre, en argent ou en or. L’objet en fer est chaudronné et limé pour supprimer les traces de soudure. L’artisan chauffe la partie à incruster, et, avec un couteau en acier dur, prépare son dessin par des hachures grossières.
En passant à travers la flamme d’un réchaud à gaz, l’objet prend une couleur bleuâtre qui permet à l’artisan de mieux discerner le dessin qui sera tracé avec le fil d’argent. Il forme alors le motif directement sur la pièce en fer en appliquant le fil d’argent ou de cuivre qu’il martèle délicatement. En pénétrant, le fil se soude au support. L’objet passe une nouvelle fois au feu avant d’être poli, de préférence à l’aide d’une pierre d’agate. On plonge la pièce directement dans la forge pour lui donner cette couleur noire qui fait ressortir l’argent. Pour éviter l’oxydation, une huile minérale y est appliquée.

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