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Métiers : Tapisserie : Les tisseurs du bonheur

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Le tapis marocain est sans conteste le porte-enseigne de l’artisanat marocain. La qualité et la diversité de sa production en font un des produits phares des ventes à l’exportation. Mais au-delà des considérations économiques, le tapis est surtout indissociable de l’intérieur marocain, utilisé comme objet décoratif ou bien simple élément nécessaire au confort quotidien. Sa polychromie et ses motifs donnent une tache colorée dans les pièces généralement peu éclairées en raison de leurs ouvertures réduites pour protéger contre la chaleur ou le froid. Certains le définissent comme le «tableau» des demeures marocaines.
D’une région à l’autre le tapis change, de la qualité de la laine aux différents colorants : au jaune orangé du henné s’allient le bleu indigo, le rouge de garance, le noir bleuté naturel et le vert. Partir à la recherche de l’origine des tapis, c’est remonter jusqu’à la préhistoire.
Les historiens ne s’accordent pas sur le lieu de leur origine : on l’attribue aussi bien aux tisseurs égyptiens qu’aux Chinois, voire aux Indiens mayas. Bientôt façonnés sur tous les continents, les tapis furent d’emblée considérés à la fois comme des éléments pratiques de la vie quotidienne et comme des oeuvres d’art. Un état d’esprit encore bien vivant de nos jours. Deux familles de tapis se distinguent : les tapis citadins (soumis à l’estampillage), de Rabat ou de Médiouna, et les tapis ruraux, du Moyen Atlas, du Haut Atlas et du Haouz de Marrakech. Seulement les meilleurs matériaux sont utilisés et cela justifie, en partie, le coût élevé de ces oeuvres. Les plus luxueux tapis proviennent de la ville de Rabat, imitant le style persan. Les tapis inspirés des traditions berbères, appelés kilims, sont parmi les plus originaux. Bien que la confection de tapis est un art familial, la plupart des tapis produits par le Maroc sont faits en usine.
Les tapis noués sont des plus populaires et proviennent d’un peu partout. Ce qui les rend tous originaux et intrigants c’est la signification des motifs qu’ils présentent. C’est le cas par exemple du tapis Ait Ouaouzguite (Tribu de la région de Taznaght) qui est le tapis du Haut Atlas par excellence, il doit son luxe à la laine de mouton dont il est composé, laine mieux travaillée qu’ailleurs ainsi qu’à ses couleurs et motifs géométriques bien ordonnés. Akhnif se distingue par sa légèreté et sa reversibilité car utilisable des deux côtés. Il résulte d’un tissage type tapisserie à l’image du kilim oriental. Il était utilisé jadis pour façonner les capes, il décore aujourd’hui les plus belles maisons marocaines. Glaoua est un peuple du Haut Atlas, leurs tapis se distinguent des autres par l’alternance de bandes nouées et de bandes tissées structurées en fenêtres symétriques. Les tapis du Moyen Atlas sont produits par les peuples situés à la périphérie du grand massif central marocain. On y trouve les peuples Zaiane, Zemmour, Béni Mguild, Béni Ouaraine, Ait Youssi et Ait Guerouane. Oulad bousbaâ est un peuple d’origine arabe situé aux environs de la ville de Chichaoua. La particularité de leurs tapis est le mélange de laine et de poils de chèvres, et l’extraordinaire errance des motifs dans son champ qui laisse libre cours à notre imagination. Ces tapis ruraux, essentiellement berbères, sont la plupart du temps l’oeuvre de femmes qui les tissent sur des métiers verticaux dressés à l’angle de la pièce principale de la maison. «L’initiation au tissage du tapis est un rude apprentissage. Il ne s’agit pas seulement, pour la jeune apprentie, d’assimiler un savoir-faire technique, mais encore d’intérioriser la gamme des couleurs, le registre des compositions et les motifs décoratifs.(…)
Le tapis n’est pas seulement une oeuvre d’art ni un objet utilitaire. C’est aussi le témoin d’une lutte continuelle contre l’oubli et l’usure du temps, pour la sauvegarde d’une mémoire. Lieu de rencontre de cette mémoire, de l’imagination et du savoir, le tapis peut se prêter à plusieurs lectures», a écrit Ali Amahan dans la présentation du livre «Le Tapis marocain» de Abdelkébir Khatibi. Le tissage proprement dit peut commencer après les diverses opérations liées à la préparation de la laine. C’est en fait de la finesse et de la solidité des fils de chaîne et des fils de trame que dépend la valeur d’un tapis. Deux parties essentielles le composent : la haute laine et le tissu de fond. Le nombre de noeuds au décimètre carré varie entre 50 dans un tapis du Haut Atlas et 400 dans un tapis citadin de Rabat. On classe dans la famille des tapis ruraux les tapis du Moyen Atlas, les tapis du Haut Atlas et ceux du Haouz de Marrakech.

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