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Mohcine Berrada : «En matière d’orientation, il n’y a pas de recette préétablie»

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ALM : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants pour réussir dans leur choix professionnel aussi bien pour les bacheliers et les niveaux Bac?
Mohcine Berrada : De nombreux sondages et études menés par le groupe L’Etudiant marocain, notamment sur l’orientation chez les jeunes, ont montré qu’il peut exister chez eux certains préjugés concernant les types de cursus jugés plus souhaitables ou plus favorables que d’autres. Ces préjugés, qui peuvent également être véhiculés à l’intérieur du système scolaire, font qu’il apparaît normal de favoriser l’orientation vers les formations généralistes par rapport aux formations technologiques ou professionnelles, les études longues par rapport aux études courtes, les filières scientifiques par rapport aux filières littéraires, les grandes écoles par rapport aux formations universitaires, etc., et ce, souvent au détriment d’une orientation choisie en fonction de soi et de ce qui nous correspond. Or, en matière d’orientation scolaire et professionnelle, il n’y a pas de recette préétablie. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise voie, il y a seulement des voies qui correspondent avec des profils de compétences, des personnalités, des goûts et des centres d’intérêt. C’est-à-dire qu’une orientation réussie se mesure au fait d’avoir trouvé «sa voie» et non, par exemple, d’avoir suivi de longues études ou d’avoir intégré une école d’ingénieurs.

Pour les études à l’étranger, il y a aujourd’hui le problème d’octroi des équivalences aux diplômes délivrés par les établissements privés à l’étranger. À votre avis, comment les étudiants peuvent-ils entamer un cursus universitaire sans tomber à la fin dans ce genre de problème?
La problématique de l’équivalence des diplômes délivrés par les établissements privés étrangers ne peut être résolue que par décision politique et réglementaire. Pour l’heure, nous notons que le ministre de l’enseignement supérieur a pris position concernant ce problème en annonçant son souhait de simplifier les procédures d’équivalence aux diplômes étrangers. Il a d’ailleurs précisé qu’un listing sera établi et communiqué dans les lycées, au niveau du ministère de l’enseignement supérieur ainsi que dans les ambassades. Des critères transparents valables pour tout le monde mais sans effet rétroactif seront établis et les diplômes obtenus en dehors des listes des établissements qui seront affichés ne seront pas reconnus. Le problème sera donc bientôt résolu, à charge pour les étudiants de consulter les listes d’établissements dont les diplômes seront reconnus avant de s’engager.
 
Étudier à l’étranger est le rêve de milliers de bacheliers marocains. Avez-vous un conseil particulier pour ces jeunes sachant qu’il y a de nombreux freins à l’accès à de grands établissements?
Pour répondre à votre question, je poserai une autre question : pourquoi s’engager dans des études à l’étranger ? Une question importante que tous les jeunes bacheliers qui rêvent de mobilité internationale doivent se poser aujourd’hui. Si c’est pour intégrer une grande école prestigieuse ou une filière de formation qu’on ne trouve pas chez nous, il n’y a aucun problème. Par contre, si un jeune souhaite s’expatrier pour suivre un cursus en université ou dans une école privée (et là c’est encore le problème des équivalences qui ressurgit), je pense qu’il doit y réfléchir à deux fois avant de s’engager. Il doit tenir compte de tous les problèmes inhérents au processus d’inscription qui relève parfois du parcours du combattant, au coût souvent prohibitif des études à l’étranger, à des sacrifices énormes consentis par les parents et, il faut bien le dire, à l’hémorragie de devises que cela entraîne pour le pays. Nous avons des formations d’excellence dans notre pays. Nous avons des opérateurs publics et privés qui se dévouent corps et âme pour améliorer notre système de formation et d’enseignement. Nous devons juste savoir distinguer le bon grain de l’ivraie, de faire le bon choix et de labelliser nos formations d’excellence, notamment celles qui répondent avec pertinence aux besoins de nos entreprises.

Que pensez-vous de l’arrivée des universités internationales au Maroc sachant que cette appellation suscite la polémique?
Nous sommes dans un pays de libre concurrence et dans ce domaine c’est la loi du marché qui prévaut. Par contre, ce qui nous semble judicieux, c’est que l’effort consenti depuis quelques années soit profitable à l’existant. Il s’agit de renforcer les acquis du secteur, de parfaire le rendement des établissements d’enseignement et de formation. Et au-delà de toute polémique, nous avons surtout besoin d’une vraie politique d’accompagnement du secteur.

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