Si certains pensent qu’entre pays de résidence et pays d’origine le gouffre ne cesse de s’élargir, cette thèse n’est pas tout à fait applicable pour notre communauté résidente à l’étranger. Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et l’institut BVA ont réussi à confirmer ce constat. Lesdites instances ont mené une enquête auprès de 3000 Marocains d’Europe, dont 1300 femmes, afin de mettre en relief les comportements des Marocains du monde dans leur pays d’accueil. Cette étude, jugée «inédite» par les initiateurs, démontre que l’attachement aux racines et l’adaptation au sein de la société réceptrice font chemin commun. «D’après les sondages effectués, nous avons remarqué une nette volonté d’insertion durable dans les pays d’accueil tout en restant fidèles aux liens socioculturels avec le pays natal», a expliqué à ALM Elodie Jouannic, chargée de l’étude en marge des travaux de la 2ème édition des Marocaines d’ici et d’ailleurs et qui se sont tenus les 18 et 19 décembre 2009 à Marrakech. Cette étude démontre que la femme est un vecteur frappant de transmission. La gent féminine de la diaspora assure la pérennité et la préservation des valeurs héritées en conformité avec la particularité de l’environnement où elles évoluent. Cette investigation, qui a touché six pays européens, en l’occurrence la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, aborde trois volets principaux, à savoir l’insertion des MRE (politique, image des Marocains et du Maroc), leur vie quotidienne (fréquentation, transmission et famille) ainsi que leur rapport au Maroc. Les sondages réalisés auprès de l’échantillonnage féminin démontrent qu’au niveau du premier volet, les Marocaines de la 2ème génération accordent un grand intérêt à la vie citoyenne de leur pays de résidence. Environ 76% de ces femmes sont inscrites sur les listes électorales des pays d’accueil, 71% s’intéressent à l’actualité politique et 13% font partie des associations civiles. En parallèle à cette participation notable dans la gestion locale du pays récepteur, les Marocaines résidentes en Europe s’avèrent satisfaites à hauteur de 80% (toute génération confondue) de l’image promulguée du Maroc auprès de leurs concitoyens européens. Toutefois cet enchantement se régresse à hauteur de 50% pour les Marocaines de la 1ère génération et 54% pour celles issues de la 2ème génération, principalement, lorsqu’il s’agit de la perception de l’image des Marocains en Europe. «Les Marocaines ont démontré à travers l’étude que les habitants du pays de résidence ont une image négative d’eux. Les Marocaines ont toujours quelques difficultés à trouver un travail et un logement. Cela reste encore une discrimination forte qu’elles ressentent», a souligné Elodie Jouannic. Par ailleurs, les Marocaines continuent leur marche vers une intégration globale tout en exprimant un grand attachement à leur racine. Au-delà des fréquentations marocaines, et de l’usage de la langue maternelle au sein des domiciles, 50% des Marocaines d’ici et d’ailleurs issues de la première génération interviewées lors de cette enquête envisagent de continuer le restant de leur vie au Maroc au moment où 37% des femmes de la 2ème génération envisagent une installation durable et pas définitive au Royaume. Cette alliance flexible, mise en exergue dans l’étude, permet à notre communauté résidente dans les pays de l’Hexagone de jouir d’une double identité alimentée par une incontournable richesse culturelle, religieuse et ethnique. Toutefois, l’adoption de cette attitude n’est garantie que par la présence d’un facteur primordial: la femme.