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Said Charchira : «Nous voulons une seule institution qui élaborera la politique migratoire»

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ALM : Comment est née l’idée de créer le Mouvement Nouvel élan ?
Said Charchira : Ce mouvement a été initié par une réunion tenue le 19 février en Allemagne et fondé par un congrès constitutif organisé le 2 avril. Le Mouvement Nouvel Elan s’inscrit dans la perspective du «printemps arabe», nous avons essayé d’accompagner cet événement pour essayer de donner un nouveau souffle à notre pays et à nos citoyens marocains de l’étranger (CME).

Le mouvement du 20 février a été créé un jour après votre mouvement. Quelle relation pourrait-il y avoir entre les deux mouvements ?
Le mouvement du 20 février a été également inspiré par «le printemps arabe». Tous ces événements ont eu un impact sur notre mouvement de manière à ce que les choses bougent dans le sens positif.

Quels sont les objectifs du Mouvement Nouvel Elan ?
Les objectifs du Mouvement se situent à deux niveaux. Au niveau des pays de résidence où il y a 5 millions de CME, le but est de défendre leurs intérêts dans les pays d’accueil, améliorer leur niveau de vie et garder le lien avec les pays d’origine entre autres. Au niveau national, ces cinq millions, qui sont également marocains, ils aspirent au changement de leur pays d’origine. Dans ce cadre, nous avions adressé, le 25 avril, un mémorandum à la Commission consultative de révision de la Constitution. Nous avons formulé, dans ce document, la demande de la constitutionnalisation de la participation des CME à la vie politique. Chose qui a été réalisée et nous en sommes contents. Nous avons également proposé notre point de vue sur la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, etc.

Quelles étaient vos recommandations à l’issue du colloque organisé par votre Mouvement jeudi 14 juillet à Rabat ?
Le colloque avait porté sur l’évaluation de la politique migratoire et la mise en œuvre de la participation des CME dans les prochaines élections. Pour la politique migratoire, nous avons essayé de soulever cette inflation d’organisations, de commissions et de ministères chargés des CME qui ne coordonnent pas leur politique et manquent de stratégies en la matière. Les conclusions que nous avons émises ont été envoyées dans un mémorandum à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, aux partis politiques et représentations syndicales. Elles se rapportent à cette politique migratoire qui n’a pas changé depuis des décennies. Nos recommandations portent également sur la bi-nationalité et la bi-citoyenneté. En effet, l’ensemble des CME sont considérés comme bi-nationaux étant donné qu’ils disposent de la nationalité du pays d’ accueil. Cependant, cet aspect n’a pas été pris sérieusement en considération par les responsables. Aussi, les CME ont-ils des problèmes dans le domaine familial et commercial qui attendent des solutions efficaces. Ce que nous voulons, c’est une seule institution qui élaborera la politique migratoire tout en consultant les personnes intéressées. Cette institution devrait créer un espace d’échange permanent. Les fondations peuvent, à leur tour, jouer un rôle déterminant dans cette politique. Quant au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, il devrait coordonner entre les MRE pour améliorer leur statut dans le pays d’accueil. Il faudrait aussi revoir les objectifs de ce conseil, son lieu de résidence et ses membres.

Vous avez développé, lors du colloque, le concept d’une politique «bi-nationale». Que proposez-vous pour la mettre en œuvre ?
Si l’on prend en considération que les CME ont un statut différent, il va falloir changer de politique. Or, la problématique c’est qu’on considère ces Marocains comme des Marocains. Il faut aussi prendre en considération le parcours de ces CME, ce sont des personnes ayant des expériences et des compétences dans plusieurs domaines. Si nous voulons que le Maroc démarre vraiment dans tous les domaines, il faut faire appel à ces compétences.

Quelle lecture faites-vous de la députation dans le cadre de la nouvelle ère constitutionnelle?
C’est vrai que la députation a été constitutionnalisée, mais elle doit être effective. La constitutionnalisation de cette députation est un peu otage du règlement des élections qui auront lieu prochainement. C’est aussi un choix des décideurs politiques. D’ailleurs, les partis politiques n’ont jamais donné de l’importance aux CME. Ces citoyens, pour leur part, ne savent pas grand-chose sur l’idéologie des partis politiques. Dans ce sens, une étude avait révélé que plus de 50% des CME ne connaissent même pas les partis politiques et leurs membres. Donc, il va falloir trouver un moyen pour établir une relation entre ces partis politiques et les CME.

Quelle place occuperont les jeunes et les femmes dans la politique migratoire ?
D’abord, il va falloir élaborer une politique migratoire qui prend en considération les jeunes et les femmes en les impliquant dans le dialogue entre les responsables et les CME. D’ailleurs ces deux catégories sociales ont été valorisées dans tous les discours royaux.

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