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Santé : Marrakech : la médecine traditionnelle en vogue

«Al-Jebbar» (traumatologue ou orthopédiste) est le nom communément donné à un genre de ces guérisseurs auxquels la sagesse collective dans certains milieux sociaux continue d’accorder un pouvoir incontesté dans le traitement des fractures peu compliquées. Ce genre de praticiens, dont l’unique source de savoir est l’expérience transmise d’une génération à l’autre, font usage d’une dextérité acquise sous la vigilance d’anciens maîtres guérisseurs, puis affinée au fil des années de pratique.
A Marrakech, ces guérisseurs constituent par l’importance de leur nombre, une catégorie professionnelle à part entière et parviennent toujours à drainer une clientèle à faire pâlir d’envie les traumatologistes confirmés. Tous les matins, dès la première heure, des files de patients commencent à se former devant les échoppes servant de « cabinets » au quartier El Mamounia qui, ironie du sort, n’est qu’à une centaine de mètres de l’hôpital Averroès qui comprend un service de traumatologie et d’orthopédie pédiatrique. Des centaines de malades à la mine retournée par la douleur, sont ainsi acculés à souffrir en sourdine devant ces lieux peu engageants en attendant leur tour.
En rendant visite aux lieux du travail du Maâllem Hassan Louriki, l’un des guérisseurs les plus fréquentés, on se sent déconcerté par son dénuement total. Pour tout matériel, ce « Jebbar » invétéré n’a besoin que de quelques étoffes de lin blanc, du coton, des flacons, de l’eau chaude et de décoctions de différentes sortes, à base d’huiles et de plantes aux vertus thérapeutiques, servant à diffuser une certaine chaleur dans l’endroit à traiter. M. Louriki, qui partage son local avec trois de ses frères ayant opté pour le même métier, affirme accueillir en moyenne 40 patients par jour, dont 6 à 7 personnes auraient déjà fait sans succès, une première tentative de traitement à l’hôpital. Grâce à un savoir-faire acquis pendant une vingtaine d’années de pratique, il serait capable de diagnostiquer la fracture ou l’entorse à travers une observation minutieuse et au toucher, ajoute-t-il sur un ton confident. Interrogé sur l’ampleur du phénomène, le chef du service de Traumatologie et d’Orthopédie pédiatrique à l’hôpital Ibn Tofail de Marrakech, le Dr. Boubker Sedki affirme que les cabinets et les hôpitaux de la ville accueillent quotidiennement quelque 60 patients, alors qu’environ 600 autres préfèrent faire appel aux services d’un « Jebbar ».

• Abdenbi Essibi (MAP)

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