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Santé : Ramadan et rythme du sommeil

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Des chercheurs et des médecins ont voulu savoir jusqu’à quel point se vérifie cette relation entre le changement de rythme de vie, imposés par le mois du jeûne et les modifications de la cadence du sommeil. Une dizaine de personnes de jeune âge ont accepté de se prêter à l’expérience des chercheurs.
Leur activité cérébrale a été enregistrée au cours de quatre séances de deux nuits consécutives : la première 15 jours avant le ramadan, puis au 11ème jour de ramadan, au 25ème jour et enfin 15 jours après la fin du jeûne. L’analyse des résultats a ainsi pu montrer que le temps d’endormissement s’est allongé en période de jeûne et que l’organisation des différentes phases du sommeil s’est modifiée.
Le temps global de sommeil a diminué, mais de façon inégale : la proportion de sommeil non paradoxal a augmenté tandis que le temps de sommeil paradoxal (phase de sommeil durant laquelle on rêve) a, quant à lui, diminué. En même temps que ces modifications du sommeil, des perturbations du rythme jour-nuit (rythme circadien) de température ont également été observées.
Il existe en effet, des variations cycliques de la température du corps au cours d’une journée, et celles-ci sont décalées de 2 à 3 heures pendant la période de jeûne. Une augmentation de la température corporelle a également été enregistrée la nuit ainsi qu’une diminution de l’amplitude de ces cycles (différence entre la température la plus élevée et la moins élevée). En bref, le jeûne modifie les rythmes physiologiques du sommeil et de la température, les deux étant liés. Les chercheurs ont vérifié que la valeur énergétique de la nourriture ne changeait pas pendant la période de ramadan. Elle ne pouvait donc pas expliquer ces modifications du sommeil. Selon eux, l’inversion des rythmes alimentaires serait à l’origine des modifications observées. On ne peut cependant pas exclure que l’excitation apportée par la rupture du jeûne le soir venu ne facilite pas l’endormissement et contribue à ces décalages de rythmes. Autrement dit, l’ambiance plus festive le soir favorise un coucher plus tardif !
Par ailleurs, une autre enquête épidémiologique menée par la Fondation Hassan II pour la recherche scientifique et médicale sur le ramadan, a été réalisée entre le mois de décembre 1997 (période avant Ramadan) et janvier 1998 (période pendant Ramadan). Cette étude a été menée dans le but d’évaluer les habitudes de sommeil et les paramètres de l’insomnie (latent sommeil, fréquence de réveils et moment des réveils nocturnes) chez 264 jeunes étudiants âgés entre 20 et 30 ans. Le questionnaire était basé sur des questions concernant des informations d’ordre général, le rythme cicadidé, la somnolence diurne et les paramètres de l’insomnie.
Les résultats ont montré que le rythme cicadidé des étudiants change de façon significative pendant le mois de Ramadan. On a observé une baisse du nombre des étudiants (8%) qui sont modérément du matin et une augmentation des étudiants qui sont modérément du soir (17,5%). La grande majorité des étudiants (65%) sont intermédiaires pendant les deux périodes (avant et pendant le Ramadan). La somnolence diurne (évaluée par l’échelle d’Epworth) est aussi augmentée pendant le mois sacré. Durant cette même période, les résultats concernant les paramètres de l’insomnie ont montré une augmentation (17%) du nombre d’étudiants qui ne se réveillent pas la nuit et peu d’entre eux ont une latence de sommeil supérieure à 60 minutes.
Quant aux moments des réveils nocturnes (début, milieu ou fin de nuit), aucune différence n’a été observée entre les deux périodes. En conclusion, cette étude montre les premières évidences que durant le mois de Ramadan, le chrono-type des sujets change et que la somnolence diurne est augmentée. Ces modifications peuvent avoir un effet sur les activités professionnelles et sociales. De plus, cette étude révèle que les problèmes d’insomnie, rencontrée chez cette population d’étudiants diminuent pendant le mois de Ramadan. Les études ont également démontré que la latence du sommeil augmente pendant le Ramadan.
En d’autres termes, l’heure du sommeil est retardée. Ce qui suggère l’existence d’une modification de l’horloge biologique qui détermine l’heure du début du sommeil. D’autre part la vigilance diminue pendant le Ramadan, particulièrement entre 8h et 10h et en fin d’après-midi (après 16h).
Cette baisse est liée à une diminution de la durée totale du sommeil. C’est le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal (stade du rêve) qui sont les plus touchés.
Le rythme circadien et la température montre un retard de phase de deux heures et une diminution de l’amplitude de ce rythme. Ces changements du rythme de la température sont liés à ceux du sommeil. En effet, le sommeil ne peut survenir si la température du corps est élevée.
Les repas tardifs du Ramadan augmentent la température corporelle et empêche l’endormissement. Il est donc recommandé de veiller à avoir un sommeil récupérateur pendant le Ramadan de manière à être en forme au cours de la journée. Car il résulte des différentes études que pendant le mois du jeûne, les gens sont plus du soir que du matin. Par conséquent, ils se sentent plus somnolents durant le jour.

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