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Younes Saïh : «La vitesse est un facteur exponentiel de la mortalité routière»

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Quelle est la conjoncture actuelle de la sinistralité routière au Maroc ?
La sinistralité routière constitue toujours un problème grave au Maroc, puisque nous continuons à enregistrer la triste moyenne de 10 morts par jour. Sur une année comme 2007, cela fait un peu plus de 3.700 tués sur nos routes, ce qui reste élevé pour un parc qui s’élève à un peu plus de 2 millions de véhicules.
A titre comparatif, la France n’a totalisé qu’environ 4.600 morts durant cette même année écoulée, ce qui correspond à un bilan beaucoup moins funeste, sachant que son parc roulant est de 32 millions de véhicules, soit 16 fois plus que celui du Royaume. De plus, cette hécatombe que sont les accidents de la route, est aussi un fléau économique, puisqu’elle coûte à l’Etat marocain quelque 11 milliards de dirhams par an.

A votre avis, quel est la principale cause de la fréquence et de la gravité de ces accidents?
Les causes sont diverses. Néanmoins, il apparaît logiquement et en toute évidence que le non-respect du code de la route est la principale origine des accidents de la circulation au Maroc. A côté de cela, des attitudes comme le stress, la fatigue, la somnolence, le manque de vigilance ou encore, le défaut de maîtrise du véhicule, sont autant de facteurs qui font que le comportement du conducteur est souvent responsable des accidents de la route dans notre pays.
Et la vétusté du parc automobile ne contribue-t-elle pas à l’augmentation du nombre de ces accidents ?
85% des voitures qui roulent au Maroc ont plus que 10 ans d’âge en moyenne. C’est là un ratio éloquent, qui plus est, ne baisse toujours pas même si les ventes de voitures neuves augmentent chaque année. Pourquoi? Tout simplement, par manque de voies de sortie et de mesures exutoires. En d’autres termes, nous avons beaucoup de nouvelles voitures régulièrement immatriculées sur le marché, mais malheureusement peu d’anciennes qui sortent du champ de circulation. Et nous manquons de ces mesures exutoires, telle que la prime à la casse. Ce qui fait que beaucoup de véhicules assez anciens continuent à rouler et ce, malgré la professionnalisation du contrôle technique.

Et la croissance continue du parc automobile, n’est-elle pas une cause de prolifération de la sinistralité ?
Malgré les apparences, le parc automobile marocain n’est pas monstre. Certes, il y a dans certaines régions une situation de saturation au niveau du trafic urbain, mais il faut savoir que l’axe urbain Kénitra-Rabat-Casablanca accueille à lui seul près de 50% du parc automobile national. Or, dans les embouteillages de ces villes, il y a moins d’accidents graves. Car, moins on va vite, moins on a de chance de causer une collision mortelle avec sa voiture.
La vitesse est-elle toujours le principal facteur de la mortalité routière au Maroc ?
Le plus souvent, oui. Car, un conducteur qui roule vite a toujours plus de difficultés à freiner son véhicule et à en maîtriser les mouvements en situation d’urgence ou en cas de danger imminent. Puis surtout, plus la vitesse d’une voiture augmente, plus graves sont le sinistre qu’elle cause et les conséquences qu’elle entraîne. La vitesse est donc un facteur exponentiel de la mortalité routière.

Qu’en est-il de l’alcool au volant ?
L’alcool ou plutôt la conduite en état d’ivresse est toujours l’une des grandes causes des accidents de la circulation, notamment chez les jeunes automobilistes. Il faudrait peut-être que les autorités pensent une bonne fois pour toute à s’organiser au niveau du contrôle. Soit en instaurant l’alcootest, soit au moins en durcissant le contrôle des conducteurs à la sortie des discothèques ou durant les soirs des week-ends. Faut-il le rappeler : les accidents engendrés par l’alcool au volant sont parmi les plus spectaculaires et malheureusement les plus terribles de conséquences.

Ne pensez-vous pas qu’il y a toujours une certaine carence au niveau de la formation des jeunes conducteurs?
Il est vrai que pendant longtemps, le permis de conduire s’obtenait après une formation assez légère, pour ne pas dire insuffisante et inadéquate. Et cela, qu’il s’agisse de la théorie et sa reconnaissance de signalétique, comme pour ce qui est de la pratique et donc de la bonne maîtrise du véhicule. Mais, force est de constater que les choses ont bien évolué depuis le passage à l’informatisation des cours et des examens théoriques du permis de conduire, sous la houlette de Code Rousseau Maroc.

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