Premier virage, première collision. Alors qu’ils clamaient tous les deux que 2002 devait être l’année de la confirmation, Rubens Barrichello et Ralf Schumacher semblent avoir oublié d’entrée leurs bonnes résolutions. S’il est difficile de dégager un fautif dans cet accrochage, les deux hommes rejetant l’opprobre sur l’autre, force est de constater que les deux protagonistes n’ont pas marqué beaucoup de points, au propre comme au figuré, dans l’affaire.
Barrichello et Schumacher sont tellement pressés de s’affranchir de la domination de leurs coéquipiers, envahissants, qu’ils confondent vitesse et précipitation. Michael Schumacher et Juan-Pablo Montoya semblent, dans ce sens, si forts qu’ils paraissent indertônables. Leur unique présence suffit à faire littéralement perdre les pédales, ou le volant, à leurs coéquipiers. En ce qui concerne Barrichello, la pression exercée par Schumi n’est plus à démontrer. Derrière un discours de façade où le Brésilien se dit prêt à rivaliser avec le quadruple champion du monde, tout le monde sait, y compris Barrichello, que l’égalité des chances et des droits au sein de la Scuderia n’est qu’une formule de politesse.
Avec une seule victoire pour le compte de Ferrari, quand Schumacher n’en finit pas de les collectionner, Rubinho ne peut pas encore rêver d’être le king des circuits à la place du King. Sa première séance qualificative, heureuse, en Australie, n’était qu’une illusion passagère. Le Brésilien est parvenu à devancer le maître sur la grille de départ. Une pôle-position qui n’a pas manqué de regonfler le moral de l’ex-pilote Stewart. «J’étais vraiment optimiste pour la course, confiait-il, j’étais prêt des temps de Michael durant tout le week-end et durant les qualifications, j’étais même un peu plus rapide». Mais Schumi est passé par là. On se console comme on peut !
Le cas de Ralf Schumacher est sensiblement différent. Pendant quelques instants, les premiers, l’Allemand a pu penser prendre la mesure de Juan Pablo Montoya. Alors que le cadet des Schumacher s’est imposé à Saint-Marin pour la première victoire de sa carrière en F1, son impétueux coéquipier froissait la tôle de sa Williams. Pourtant, peu à peu, le Colombien trouvait ses marques et commençait à se montrer plus véloce que le jeune Allemand.
A mi-saison, le rapport de force était ainsi inversé. Il n’allait plus varier et, en Australie, la tendance s’est confirmée avec la deuxième place, à la fois brillante et sage, de Montoya. Schumacher réfute l’idée d’une pression qu’il gérerait mal. «J’ai déjà oublié ce qui s’est passé en Australie et à qui pouvait incomber la faute dans l’accident, déclarait-il. Cette année, je suis bien déterminé à regarder de l’avant sans me retourner vers le passé. Car ce qui est fait est fait. Je n’en ressens donc pas plus de pression. Et la saison est encore longue…». Une philosophie certes sage mais qui reste à prouver.