Athlétisme : un Asafa Powell impressionnant

Evidemment, le jeune homme de 22 ans est le premier de la saison 2005 à courir en dessous des 10 secondes. L’Américain Maurice Greene, auteur de 10 sec 03/100 à Fort-de-France (Martinique), sait ce qu’il lui reste à faire. "Avant la course, je savais que j’allais aller vite mais je ne pensais pas que se serait si vite…", déclarait Powell à un journal jamaïquain. "J’ai même relâché mon effort dans les derniers mètres mais la prochaine fois, j’irai jusqu’au bout", ajoutait le sprinteur qui n’avait fait qu’une seule apparition cette saison, le 9 avril, courant en 10 sec 08/100 avec un vent tellement favorable que sa performance n’avait pu être enregistrée.
Précoce, Powell l’est aussi en ce qui concerne sa carrière puisqu’il devient le plus jeune des cinq sprinteurs ayant couru un jour aussi vite: l’Américain Tim Montgomery avait 27 ans le jour de ses 9 sec 78/100 synonymes de record du monde, Maurice Greene avait réussi 9 sec 79/100 à 24 ans, et sont désormais les seuls à dépasser Powell. Les deux Canadiens que le Jamaïquain a égalés samedi, Donovan Bailey et Bruny Surin, ont couru en 9 sec 84/100 alors qu’ils affichaient respectivement 28 et 31 ans. Auteur auparavant d’un record personnel à 9 sec 87/100, Powell a d’autant plus enthousiasmé la foule de compatriotes réunis au National Stadium de Kingston, qu’il a devancé, certes d’un gouffre, deux autres Jamaïquains, Dwight Thomas (10.05) et Michael Frater (10.09), le tout avec un vent favorable de 1,8 m/s.
Ce chrono est une belle revanche pour un garçon meurtri par son expérience olympique. En tête des bilans de la Fédération internationale (IAAF) l’an dernier, le puissant Jamaïquain (1,88 m pour 87 kg) avait sombré à Athènes, terminant 5e du 100 m en (9.94) avant de déclarer forfait pour la finale du 200 m, victime d’une blessure aux ischio-jambiers. En 2003, lors des Mondiaux de Paris/Saint-Denis, Powell n’avait pas fait mieux, éliminé dès les quarts de finale du 100 m.
Une déception aiguillon qui devrait l’aider à sortir le grand jeu, cet été, lors de ceux d’Helsinki qu’il prépare assidûment. "J’ai encore beaucoup de progrès à faire. Je ne m’entraînais pas spécialement pour ce meeting", expliquait-il. "Je suis juste en phase de préparation active de début de saison et je sais que j’ai encore de la marge. Je crois que je peux courir en 9.75 ou quelque chose comme ça". De quoi le faire sérieusement remonter dans la hiérarchie.