ALM : La presse parle de problèmes de Belgaid avec la Fédération. De quoi s’agit-il au juste ?
Adil Belgaid : Lors du dernier championnat d’Afrique qui a eu lieu en Egypte j’ai été déplacé comme par enchantement de la catégorie des 81 kg aux «toutes catégories». Ce que je qualifie d’une manoeuvre préméditée pour me faire perdre et démontrer que je ne suis plus digne de défendre les couleurs nationales. J’ai eu une petite discussion avec le directeur technique national, et depuis tout est brouillé. Après cette discussion, le DTN a présenté sa démission en guise de protestation camouflée. Il s’est ainsi transformé en victime et moi en bourreau. Alors que je n’ai en aucun moment manqué de respect à ce même DTN et de nombreuses personnes peuvent en témoigner. Par-ci et par-là, l’on commence à colporter qu’il existe des jeunes judokas mieux qualifiés même s’ils sont encore des juniors, mais il n’y a pas eu de stages pour que les meilleurs fassent leurs preuves. Et je ne parle pas du fait que j’ai été forcé de perdre au championnat national à cause de la complicité flagrante des arbitres que je n’ai pas du tout contestée. Ils s’attendaient peut-être à ce que je commette l’erreur de vives protestations et de perdre mon sang-froid. Heureusement que le public a tout vu et je garde encore la cassette de ce match injustement perdu. Tout cela pour démontrer que j’étais «fini».
Que fait Belgaid à présent ?
Je m’entraîne intensivement car je me prépare pour les championnats du monde qui auront lieu du 9 au 16 septembre à Osaka. Je ne vous cache pas que je fais d’énormes efforts pour ne pas céder à la déstabilisation. J’attends que l’on détermine des dates pour des stages comme cela a toujours été, c’est le cours normal des choses. C’est avec l’organisation de stages que l’on peut savoir les judokas les mieux qualifiés pour représenter notre pays. Si dans ces stages, il s’avère que le niveau des membres de la sélection est identique ou presque, on passe au tests pour désigner les meilleurs dans chaque catégorie. C’est le plus fort et le plus résistant sur le tapis qui devrait être qualifié. Au lieu de cela, on parle de performance comme s’il s’agissait d’athlétisme où un jeune peut réaliser une meilleure performance qu’un vétéran. Ceci étant, dénoncer des comportements anti-sportifs de la part de certains responsables ne relève pas de ma compétence. Je fais confiance dans ce sens aux instances de tutelle comme le Comité National Olympique avec à sa tête M.Hosni Benslimane qui ne ménage aucun effort pour la promotion du sport national, ainsi que M.Zidouh débordant de reconnaissance envers les athlètes qui ont honoré le drapeau national.
Est-il vrai que vous envisagez de vous retirer de la compétition ?
Effectivement mais seulement après les Jeux Olympiques de 2004. Cependant, je continuerai à servir mon pays en faisant tout ce qui est en mon pouvoir pour améliorer autant que faire se peut le judo national. Je compte également m’investir en mettant sur pied des écoles tout en me soumettant au service de la Fédération. Je suis Marocain, fier de l’être, et je le resterai jusqu’à la fin de mes jours. J’aime mon pays et je demeurerai reconnaissant envers ce que ce pays m’a offert. Je m’occuperai des jeunes judokas sans pour autant briguer un poste officiel dans ce sens. Vous voyez bien que je suis bloqué bien en amont, alors que je n’ai jamais fait part d’une telle ambition. En revanche, je ne baisserai jamais les bras devant de basses manoeuvres qui ont fini par venir à bout d’un certain nombre de champions avant moi comme Belkhyat à Casablanca ou encore Benkassou à Oujda pour ne citer que ceux-ci. Ces champions ont préféré se retirer en silence ou bien par dégoût ou bien un blocage imparable résultant de différentes manigances de certains responsables de la Fédération.