De lourdes peines ont été requises lundi contre l’ancien entraîneur Rolland Courbis et l’actuel actionnaire principal de Marseille (1re div. française de football) Robert Louis-Dreyfus, soupçonnés d’avoir organisé un «système de fraude généralisée» lors des transferts de joueurs entre 1997 et 1999. L’éventail de ces fraudes d’un total de 28 millions d’euros va, selon l’accusation, du recours aux agents non agréés par la FIFA au versement de primes occultes aux joueurs transférés, à leurs agents et d’autres intermédiaires, par de faux contrats et documents avec recours quasi-systématique à des sociétés off-shore.
Au terme d’un long réquisitoire de six heures, le procureur Marc Cimamonti a requis deux ans de prison ferme, assortie d’une interdiction d’exercer le métier d’entraîneur durant cinq années en France et d’une amende de 375.000 euros contre Rolland Courbis. Poursuivi notamment pour complicité d’abus de biens socaux, il se voit reprocher d’avoir fait partie d’un «directoire de l’ombre» validant ces transferts avec Robert Louis-Dreyfus, selon les mots du procureur Marc Cimamonti. «Courbis a profité personnellement» de certains transferts, a souligné le ministère public, rappelant notamment son double rôle de coach et d’agent de joueurs, par exemple dans les recrutements en décembre 1997 de l’ex-international français de Barcelone Christophe Dugarry et de l’attaquant italien de Middlesbrough (1re div. anglaise) Fabrizio Ravanelli. Contre Robert Louis-Dreyfus, le procureur a requis trois à quatre ans de prison avec sursis et 375.000 euros d’amende, soit le montant maximum pour le délit d’abus de biens sociaux. De l’homme d’affaires, ex-patron d’Adidas, «on attendait beaucoup pour mettre fin aux dérives obscures de l’époque précédente à l’OM», a expliqué le procureur en référence aux pratiques de l’époque de Bernard Tapie condamnées au moment même de l’arrivée de "RLD" fin 1996. Mais «ce système frauduleux, il l’a pris à son compte», a stigmatisé M.Cimamonti, décrivant un homme «cherchant une notoriété médiatique forte» à travers l’OM dans lequel il a injecté entre 150 et 200 millions d’euros de sa fortune personnelle. L’accusation a ainsi battu en brèche l’argument développé jeudi par "RLD" lui-même, à la barre, les larmes aux yeux, affirmant n’avoir découvert qu’à l’audience «un système de fraude généralisée» organisé à son insu.