Les enquêtes distinctes du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Fédération française de football ont été lancées lundi après «l’affaire des quotas» révélée par le site Mediapart: la FFF peut s’attendre à un nouveau printemps pourri avant ses élections du 18 juin. «On a lancé une mission d’inspection qui a jusqu’à lundi prochain (9 mai), a expliqué à l’AFP Chantal Jouanno, ministre française des Sports. Pour pouvoir éventuellement transmettre à la justice. Le procureur verra lui si cela constitue une infraction». Pour l’enquête interne de la FFF, confiée à la Fondation du football, les investigations pourraient courir jusqu’au début ou milieu de la semaine prochaine, selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP. «C’est une enquête parallèle à la nôtre, ce n’est pas une mission conjointe», a détaillé Mme Jouanno. Le président de la Fondation du football, Patrick Braouezec, avait fait partie de la commission d’enquête «post Knysna», du nom de cette bourgade sud-africaine passée à la postérité pour avoir été le théâtre de la grève des Bleus le 20 juin, il y a presqu’un an. La mise en ligne samedi par Mediapart du verbatim de la réunion du 8 novembre 2010, rassemblant les principaux cadres techniques de la Fédération française de football, a fait basculer le dossier dans une nouvelle dimension. Selon ce verbatim, François Blaquart, directeur technique national (DTN), se prononce en faveur d’un quota «en non-dit» pour les joueurs binationaux. Il a été suspendu samedi à titre provisoire le temps des enquêtes. Selon les termes du verbatim, Laurent Blanc, sélectionneur, abonde dans le sens du DTN, se disant «tout à fait favorable» à des quotas. Et Blanc lâche: «Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks».
«Il y a beaucoup de propos choquants mais également beaucoup d’amalgame entre le moralement choquant et le pénalement répréhensible», a déclaré à l’AFP Mme Jouanno, qui ajoute: «Jamais de la vie je n’ai demandé la tête de Laurent Blanc». Blanc a depuis présenté ses excuses, mais son ancien partenaire sur le terrain Lilian Thuram a estimé sur la radio RTL lundi: «Je dirais que ses excuses n’ont pas été à la hauteur de ce qui s’est passé». Le sélectionneur est parti quelques jours en Italie se reposer, a confirmé le ministère, et sera auditionné à son retour, ou «si nécessaire, la mission ira en Italie l’entendre». Dans l’agenda idéal de la FFF, le mois de mai aurait dû être celui du lancement de la campagne présidentielle de la Fédération, avec un dépôt des listes au plus tard le 18 mai pour un duel annoncé, mais pas encore confirmé, entre Fernand Duchaussoy, président, et Noël Le Graët, vice-président, lors du scrutin le 18 juin. «L’affaire va forcément avoir un impact sur les élections, explique à l’AFP une source proche de la FFF. Au minimum, cela va obliger chacun des candidats à réaffirmer les valeurs défendues par le football et la FFF». «M. Duchaussoy est dans une position délicate, par rapport au calendrier, commente Mme Jouanno. Mais le fait qu’il y ait une mission d’inspection lui enlève une épine du pied».
Stanislas Touchot et Françoise Chaptal (AFP)