Alors que la CAN U17 se déroule, un autre enjeu tout aussi crucial se joue en coulisses: la lutte contre le dopage. Pour cette édition, la CAF, en partenariat avec l’Agence marocaine antidopage (AMAD), a déployé un ambitieux programme d’éducation et de sensibilisation à destination des jeunes joueurs et de leur staff médical.
La CAF a fait de cette initiative d’éducation antidopage l’un de ses nouveaux projets prioritaires. Lancé l’année dernière, il a déjà été déployé lors de la CAN U-20 de la CAF TotalEnergies, de la Ligue des champions féminine, de la CAN de Futsal, de la CAN de Beach Soccer et même dans des académies comme Next Destination au Ghana.
Un format simple mais efficace : une heure de sensibilisation par équipe, organisée à l’hôtel en dehors des heures d’entraînement. Les participants repartent avec des cadeaux de l’Agence mondiale antidopage (AMA), mais surtout, avec des réponses. À cet âge, les mythes abondent et la compréhension peut être floue.
«L’éducation sur les risques du dopage commence dès le plus jeune âge et les tournois de jeunes offrent la plateforme idéale pour diffuser notre message», explique Sherif Abou El Enein, responsable principal de l’unité antidopage de la CAF.
Et de poursuivre : «Cette initiative, portée par la CAF, s’inscrit parfaitement dans la vision de notre président, Patrice Motsepe, qui défend un football propre, source de fierté pour le continent et ses supporters. Nous menons cette mission en étroite collaboration avec l’AMA et sa branche africaine, afin de garantir un sport juste et sans dopage pour tous».
Devant les jeunes joueurs, le Dr Maria Windy capte rapidement l’attention. Calme et posée, elle choisit ses mots avec soin. Elle connaît son public : des adolescents, de futurs internationaux, qui entendent pour la première fois des termes comme «AUT» (autorisation d’usage à des fins thérapeutiques), « collecte d’urine supervisée » et « contrôles en compétition et hors compétition ».
« Vous êtes des athlètes. Cela signifie que vous avez des droits, mais aussi des responsabilités. Vous êtes responsable de ce que vous consommez. Même si un médecin vous le prescrit, vous serez sanctionné. Un test positif ne signifie pas seulement une suspension. Parfois, cela met fin à une carrière», a-t-elle averti.
Au sein du staff, le message est tout aussi percutant. Le Dr Daouda Sangaré, médecin de l’équipe malienne des moins de 17 ans, a salué l’initiative. « Ce sont des sujets sensibles, mais les jeunes doivent être sensibilisés à ces réalités dès leur plus jeune âge. Il s’agit de leur avenir.»
Son avis est partagé par le sélectionneur ivoirien Bassiriki Diabaté, qui a suivi attentivement l’intégralité de la séance avec son groupe. «Les enfants ont apprécié. Ils ont compris que ce n’était pas un simple test. Nous leur avons expliqué qu’un résultat pouvait être disponible même trois mois plus tard ; c’est à cela que sert l’échantillon B. Ce sont des choses qu’ils ignoraient.»
Le football africain progresse, et des ateliers comme celui-ci contribuent à sensibiliser le public, tant aux risques disciplinaires qu’à la santé. Certains stimulants sont un mythe, mais les jeunes joueurs comprennent désormais que ces substances peuvent avoir de graves conséquences sur leur santé. Les reins et le foie sont des organes vitaux. Ils comprennent désormais que derrière un «boost» se cache parfois un poison.
Au fil de la séance, le Dr Windy décrit des scénarios qui pourraient conduire au dopage : blessures mal soignées, surentraînement, pression pour récupérer rapidement, mauvais conseils…
Les participants apprennent également qu’ils ont des droits : être informés, demander un représentant pendant les tests, demander un interprète et déposer une plainte si le processus n’est pas géré correctement.
« Ce sont des mineurs. Certains ne parlent pas la langue du pays d’accueil. Ils ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls », remarque Daouda Sangaré, médecin de l’équipe du Mali.
Pour la CAF, ce programme s’inscrit dans une stratégie à long terme. Pas d’improvisation. Pas de ciblage exclusif des tournois d’élite. L’objectif est de former toute une génération d’athlètes responsables. L’Afrique n’a pas encore connu de scandale majeur de dopage dans le football, et c’est précisément ce que ces campagnes visent à prévenir : anticiper, éduquer et protéger.