Aux Jeux Olympiques d’Athènes, il y a avait un athlète très demandé de la part des représentants des médias marocains et internationaux. C’était Mohcine Chehibi, engagé sur le 800m. Toutes les questions, ou presque, se rapportaient à sa femme, qui n’est autre que Hasna Benhassi, sacrée vice-championne olympique du 800m. «Cette victoire m’a beaucoup encouragé et m’a redonné confiance», n’arrêtait-il pas de répondre. C’est que le jeune athlète, né le 28 janvier 1978, était fier de sa frêle et jeune épouse, qui a surmonté tant d’obstacles pour pouvoir accéder à la consécration suprême, celle que tout athlète au monde cherche, glaner une médaille olympique. Voir sa femme parmi les trois meilleurs athlètes du 800m au monde, a constitué une très grande motivation pour Mohcine. Ce dernier en avait d’ailleurs le plus grand besoin. Une année après « le fiasco parisien », il s’est retrouvé au top de sa forme, prêt à montrer de quoi il était capable.
A Paris lors des championnats du monde d’athlétisme, rappelons-le, il a été disqualifié après avoir bousculé violemment un autre athlète, toujours sur le 800m perdant ainsi une opportunité de se retrouver parmi les huit meilleurs athlètes sur cette distance. Une année plus tard, presque jour pour jour, il a réussi une belle revanche en se plaçant quatrième de la finale du 800m, après avoir parcouru le double tour de piste en 1 :45 :16, soit 49/100 du détenteur du record du monde de la distance, le Danois Wilson Kipketer qui a dû se contenter de la médaille de bronze. Chehibi avait alors réussi la deuxième meilleure performance marocaine sur le 800m olympique, après la médaille de bronze de Saïd Aouita aux J.O. de Séoul en 1988.
Cette finale s’est déroulée samedi soir, avant dernier jour des J.O., une dizaine de minutes après la finale du 1.500m, sur laquelle sa femme était alignée, et une dizaine de minutes avant une autre finale, très attendue cette fois-ci, celle du 5.000, avec le duel El Guerrouj-Bekele. Mohcine avait pourtant donné des frayeurs aux Marocains puisqu’il est resté en queue de la course jusqu’aux derniers 300m où il a accéléré pour franchir la ligne d’arrivée quatrième. Une tactique qu’il a exécuté lors des qualifications et que sa femme a également mise en pratique, sur le 800m et le 1.500m. Serait-ce un plan de bataille établi par leur entraîneur conjoint, Ayoub Mendili? Quand on leur pose la question, ils répondent tout simplement par un sourire.
Les Jeux Olympiques d’Athènes ont ainsi été une belle aventure pour le couple Benhassi-Chehibi. Si la première a réussi à glaner l’argent olympique, son mari, pour atteindre cette finale, la première de sa carrière, a impressionné lors des séries. Celui qui était donné favori parmi les nationaux était Amine Laalou, quatrième aux championnats du monde en salle qui ont eu lieu à Budapest en mars dernier. Mais Laâlou a déçu en quittant la compétition dès les demi-finales.
Pour sa part, Chehibi a assuré une belle qualification après avoir occupé la 3ème place de la deuxième demi-finale en 1min 44sec 62/100è, soit l’un des deux meilleurs chronos des perdants dans les trois séries et son meilleur temps personnel. De retour au pays, à Rabat plus exactement où il réside, le couple aura tout le temps à se consacrer à sa fille, Farah, âgée de deux années et demie. Mohcine aura en outre l’occasion de vaquer à son autre passion, la biologie, spécialité dans laquelle il prépare un DESS en France.
• DNES à Athène Fadoua Ghannam