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J.O : La guerre des sponsors

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Un journaliste, pénétrant dans le principal centre de presse des Jeux Olympiques d’Athènes (MPC), s’est vu poliment, mais fermement invité à vider les lieux. N’était-il pas accrédité ? Les services de sécurité y ont vu un suspect qu’il fallait absolument sortir et fouiller ? Non. Il ne s’agit de rien de tout cela. Il avait tout simplement au cou un porte-badge portant les couleurs et le logo d’une grande compagnie de téléphonie mobile, présente de par le monde, mais qui n’a pas réussi à entrer dans le club privé des sponsors olympiques.
La compagnie de télécoms, partenaire officiel du Comité international olympique, a strictement interdit l’utilisation des services de ses concurrents au sein des installations olympiques officielles. La charte graphique, logo entre autres, fait partie de cette interdiction. Ce pauvre journaliste n’est qu’une «victime» parmi tant d’autres de la guerre que se livrent les grandes multinationales à l’occasion des Jeux Olympiques, le rendez-vous sportif le plus grand de la planète. Les Jeux Olympiques, c’est une grosse affaire de sous. De l’esprit olympique que le Baron Pierre de Coubertin a fait revivre en 1896, à l’occasion des premiers JO des temps modernes, il n’en reste rien, ou presque. Mac Donald’s, Visa Electron, Samsung, Panasonic, Kodak, Swatch, Athos Virgin, Cosmote (téléphonie grecque), Alpha Bank et bien sûr Coca Cola. Les multinationales ont envahi les Jeux. C’est une excellente vitrine commerciale pour elles. Leurs stands se trouvent partout, dans les enceintes sportives comme partout dans les rues de la ville. Tous contribuent à l’animation des journées et nuits olympiques. L’un d’eux s’est même permis le luxe d’ériger un énorme stand pas loin du stade olympique d’Athènes. Il y invite quotidiennement des délégations des différents pays engagés dans les Jeux. Il y organise également des conférences de presse pour les stars qu’il sponsorise. Mais entre le partenaire officiel, la banque officielle, les fournisseurs de nouvelles technologies ou encore le chronométreur officiel des JO, la lutte est sans merci. Ces entreprises disposent de la main-mise sur cet événement. Ils y font la loi. Et pour cause, pour figurer sur la liste des «top sponsors» du CIO, ils ont payé leur ticket à la coquette somme de 66 millions d’euros. A titre de comparaison, cette prime de sponsoring était, en 1992 lors des Jeux de Barcelone, de l’ordre de 15 millions d’euros.
La guerre la plus visible est celle des équipementiers. Adidas, qui a habillé les quelque 46.000 volontaires athéniens, a une concurrence de taille, celle de Nike, qui habille beaucoup de champions. D’autres marques tentent de s’incruster sur le devant de la scène.
L’exemple le plus frappant concerne le célèbre nageur australien, Thorpe, qui est sous contrat avec Adidas. La fédération australienne, elle, est chez Speedo alors que le Comité olympique australien a signé avec Nike. Le résultat frôle le ridicule. Dans l’eau, le champion olympique du 200m nage libre nage en Adidas. Autour du bassin, il se retrouve habillé en Nike. En effet, contrairement à l’athlétisme, il n’y a pas de règles en natation. Sur la piste, le coureur porte les chaussures de son choix, celles de son sponsor.
Entre les différentes multinationales, tous les moyens sont bons pour grignoter une part du gâteau. Certains essayent parfois d’utiliser l’image des Jeux Olympiques, même si cela leur est interdit. A Sydney, la bataille entre Visa et American Express a fait la une de toute la presse spécialisée. Le premier avait dû se battre pour préserver sa place exclusive face à son concurrent. D’autres utilisent le terme «Olympique » à toutes les occasions. Par exemple, on pouvait voir affiché un autocollant «olympic sales» pour annoncer le début des soldes dans une boutique d’Athènes.
Or ces pratiques sont interdites, l’Athoc (Comité d’organisation des JO d’Athènes) a mis les bouchées doubles pour sauver les intérêts de ses sponsors. Les responsables affichent fièrement le chiffre de trois cas de fraudes enregistrés en trois mois.

Fadoua Ghannam
Notre envoyée spéciale en Grèce

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