Il a choisi le jour de repos du Tour de France, mardi, pour annoncer sa prochaine retraite prévue en fin de saison. Les jours du champion français emblématique des années 1990 sur les circuits, Laurent Jalabert, sont désormais comptés. «J’ai vécu des années formidables», a déclaré ce dernier, très ému, lors d’un point-presse tenu au vélodrome de Bordeaux.
La dernière apparition de l’ex-numéro un mondial sera à l’occasion du championnat du monde de Zolder en Belgique, le 13 octobre. Le champion français est l’un des coureurs qui ont marqué la scène cycliste mondiale. Professionnel depuis 1989, Jalabert, dit «Jaja», a passé presque la moitié de son âge à pédaler.
En 14 ans de carrière, il a décroché plus de 160 victoires (critériums compris). Champion du monde du contre-la-montre en 1997, vainqueur de trois courses de Coupe du monde (Milan-Sanremo 1995, Tour de Lombardie 1997, Clasica San Sebastian 2001), Jalabert, qui aura bientôt 34 ans, a vécu des hauts, mais aussi des bas. Le coup le plus dure : sa chute sur la chaussée d’Armentières. C’était lors du Tour de France de 1994. «C’est la décision la plus sage. Mon souhait est d’arrêter en étant un coureur respectable», a déclaré le champion français pour qui ladite décision, prise au mois de mai dernier, est « irrévocable». « Je ne suis pas du tout amer, je n’ai pas pu choisir l’année de mes débuts chez les pros, mais je choisis la sortie et je crois que c’est un privilège », a-t-il ajouté. Vieux routier, Jalabert se rappelle ses débuts avec beaucoup de nostalgie. «Quatorze années ont passé», a-t-il souligné. «J’ai côtoyé beaucoup de gens qui m’ont apporté beaucoup de choses. En plus d’être devenu un coureur cycliste, peut-être un champion pour certains, j’ai appris à être un homme».
Père de quatre enfants, le cycliste français a déclaré être comblé. «Je ne suis pas du tout déprimé, même si le moment est un peu dur pour moi car c’est une page qui se tourne», a déclaré Jalabert, l’une des grandes figures du cyclisme contemporain. Ses premiers débuts, il les a faits avec une équipe française (Toshiba), avant de partir en Espagne sous la coupe de Manolo Saiz. Sous le maillot Once, il s’est bâti un palmarès incomparable sans toute fois réussir dans le Tour de France où il s’est contenté de la quatrième place en 1995.
Après le divorce avec son directeur sportif en 2000, il a rejoint l’équipe danoise CSC pour un splendide crépuscule au tour 2001. Car le populaire «Jaja», qui compte rester dans le cyclisme même après sa retraite, est d’abord et avant tout un grand coureur d’attaque. Avec sa simplicité coutumière, le champion français a tiré, lui-même, la conclusion: «Les gens retiendront mon palmarès, c’est logique, mais aussi, j’espère, un comportement. Être un homme, ce n’est pas être costaud, c’est respecter certaines valeurs. On les apprend en faisant ce métier et tout cela va beaucoup me servir dans ma vie future».