Fendant l’air à l’aide de deux bâtons jaunes, Lu Xiaoping s’agite, applaudit et chante, en compagnie de 200 collègues de la laiterie où elle travaille, durant les deux heures que dure sa session d’entraînement pour les prochains Jeux.
«J’ai beaucoup appris sur la façon d’applaudir, explique-t-elle. Grâce à ce programme, je pense que les supporteurs chinois se comporteront mieux». Comme le monde aura les yeux rivés sur les Jeux, le gouvernement chinois ne veut pas que se répètent les incidents survenus lors de la Coupe d’Asie de football en 2004 quand des supporteurs chinois avaient déclenché des émeutes après la défaite de leur équipe en finale face au Japon. Ni les comportements observés lors des rencontres de basket-ball ou de football durant lesquelles les chants obscènes sont fréquents.
«Nous gagnons, nous applaudissons, vous gagnez, nous huons. Ce n’est pas juste», indique Zhai Yue, journaliste qui a expliqué à ses collègues les règles de sports individuels comme le tennis et leur a dit quand applaudir ou ne pas faire de bruit.
Selon lui, les supporteurs chinois devraient imiter leurs homologues sud-coréens qui avaient, par leur enthousiasme, aidé leur équipe à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde de football, organisée avec le Japon en 2002.
Li Jinglan, ancienne professeur d’éducation physique, dirige le cours d’applaudissements et tente de tirer le meilleur d’un groupe de salariés avachis dans l’auditorium de leur société : «Levez-vous, redressez votre dos», crie-t-elle.
«Vous, à gauche, ce n’est pas bon, je ne vous entends pas», indique-t-elle avant de se lancer dans un nouveau chant : «Allez la Chine, allez la Chine…» Petit à petit, elle capte l’attention de son auditoire et propose des mouvements de plus en plus complexes : «C’est seulement un entraînement, ils n’utiliseront pas forcément les mêmes slogans ou les mêmes mouvements, souligne Li Jinglan. Il faut juste qu’ils se comportent bien aux yeux du monde.» Apprendre aux gens à bien se tenir est, selon elle, important car les JO sont très éloignés des préoccupations quotidiennes des Chinois. Dans le pays, le sport est peu pratiqué, en dehors des écoles qui forment les futurs athlètes et rares sont ceux qui trouvent le temps, l’argent ou l’opportunité de devenir des supporteurs.
«Ce que nous essayons de faire, c’est de les impliquer, déclare Li Jinglan. La Chine n’a commencé à participer aux JO qu’en 1984 donc notre connaissance dans ce domaine est limitée.» Les journaux, radios et chaînes de télévision diffusent également des programmes indiquant aux habitants de Pékin comment se tenir durant les Jeux. Cet effort, qui s’inscrit dans une campagne plus large visant à présenter une image positive du pays, en interdisant par exemple aux gens de cracher dans les rues, vise à gommer les mauvais comportements, selon un responsable du Comité d’organisation (Bocog). «Tout d’abord, les supporteurs devraient être enthousiastes, explique Liu Jingmin, vice-président du Bocog. Ensuite, nous voulons qu’ils soient de bons supporteurs qui connaissent les règles. Enfin, nous voulons que si les athlètes réussissent de belles performances, les fans les applaudissent, quel que soit le pays qu’ils représentent.»
• Charles Whelan
(AFP)