«Le Comité international olympique a l’honneur d’annoncer que les Jeux de la 30ème olympiade 2012 sont attribués à la ville de Londres ». C’est en ces termes, et dans une atmosphère chargée de tension, que le très solennel Jacques Rogge, le président du CIO, a déclaré, mercredi peu avant midi à Singapour, la capitale britannique comme pays hôte des Jeux Olympiques de 2012. Une annonce qui donne suite au vote des 116 membres du CIO et dont Londres est sortie gagnante, ne dépassant que de quatre points sa rivale, Paris.
Londres a battu Paris par 54 voix contre 50 lors du vote final. La capitale anglaise, qui a déjà organisé les JO de 1908 et 1948, devient la première ville à obtenir le droit d’organiser les Jeux d’été une troisième fois. Moscou, New York et Madrid ont été éliminées dans cet ordre lors des trois premiers tours de scrutin.
Un résultat qui coupe court aux espoirs français, qui ont hébergé les épreuves en 1900 et 1924, d’organiser le plus grand événement sportif de la planète. C’est le troisième échec consécutif pour Paris, déjà candidate pour 1992 et 2008, des organisations qui sont allées respectivement à Barcelone et à Pékin.
Tous les voyants semblaient pourtant au vert: un dossier technique solide, une expérience éprouvée lors de la Coupe du monde de football 1998 et des championnats du monde d’athlétisme 2003, et pour finir ce qui devait être la cerise sur le gâteau, le film de Luc Besson, «Hollywoodien», présenté mercredi matin aux membres votants lors de cette 117e session du CIO. Sans oublier les 40 millions d’euros qu’a coûté la candidature française.
Mais rien n’y fait. Et c’est Londres qui l’a remporté. A la grande joie du Premier ministre Tony Blair, présent à Singapour depuis dimanche dernier et qui n’a cessé de multiplié les opérations de lobbying. Blair a évoqué une journée «capitale » pour la capitale anglaise, une « très bonne nouvelle».
Depuis l’avion qui l’emmenait de Singapour au sommet du G8 à Gleneagles (Ecosse), le président Jacques Chirac a souhaité « bonne chance et pleine réussite aux autorités et au peuple britanniques».
Déçu, Philippe Baudillon, le directeur du comité de candidature français, s’est contenté d’affirmer sur France2 que «le mouvement olympique ne veut pas venir à Paris, il veut aller à Londres, on ne peut que respecter ce choix ». Si le maire de Paris, Bertrand Delanoë ne s’expliquait toujours pas la raisons ayant conduit à un tel vote, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, s’est lui abstenu de donner une connotation politique au choix de Londres.
« Il y a d’autres raisons, d’autres réseaux, d’autres amitiés », a-t-il dit. Trois éléments sur lesquels un homme, et pas des moindres, a dû travailler, et plutôt fort. Lui, c’est Sebastien Coe, celui que l’agence AFP a qualifié de gentleman, sauveur de Londres.
«Figure respectée de l’olympisme, fin connaisseur des mondes politique et médiatique», l’ancien athlète Sebastian Coe est le président, depuis seulement 2004, du comité de candidature londonien. C’est lui qui a remis en piste la candidature de sa ville, initialement mal partie, pour la porter à un succès inattendu par son dynamisme et son charisme. « Coe amène sa vision, son sens aigu de la communication et son réseau de connaissances », dit de lui la même source.
L’agence n’hésite pas dans ce sens à citer une phrase qu’aurait prononcée à son égard Nawal El Moutawakel, présidente de la commission d’évaluation du CIO, et qui aurait souligné « le leadership d’un grand représentant de l’olympisme, mon cher collègue et bon ami, Sebastian Coe ». Histoire de dire que le sport aussi est une question de relations.
Londres n’aura pas pour autant la tâche facile. Une grande part du projet londonien n’existe que sur le papier. Quelque 64 % des sites existent déjà. Mais le parc olympique, situé dans la Lower Lea Valley, autour de Stratford (est de Londres), avec son stade olympique de 80.000 places, n’est actuellement qu’à l’état de projet. Pour le reste, Londres a depuis le début fait de son histoire et de son patrimoine un atout. Différents lieux historiques prévus pour accueillir des compétitions n’exigent aucune transformation particulière et seront prêts à l’heure.