Le sprint, touché de plein fouet par la THG, ce stéroïde synthétique indétectable l’été dernier, reste chronométriquement le meilleur du monde chez les messieurs et très compétitif chez les dames. Certes, l’homme le plus rapide de la planète, Tim Montgomery, ne sera pas du voyage. Et sa compagne, Marion Jones n’aura pas l’aura de la « Super Marion » de Sydney avec cinq médailles dont 3 titres. Mais Maurice Greene, qui a conclu son retour en forme par une victoire sur le 100 m des sélections (9.91), peut prétendre à un deuxième titre olympique consécutif, exploit que seul Carl Lewis a réalisé en gagnant à Los Angeles puis en héritant l’or de Séoul repris au « tricheur » canadien Ben Johnson. Et si à 30 ans, « Mo » n’en est pas capable, ce pourrait être dû à la vitesse de ses compatriotes Justin Gatlin et Shawn Crawford, étoiles montantes capables aussi de viser un doublé sur 200 m comme ce fut le cas aux « trials ». Chez les dames, Kelli White, reine déchue de Paris, a été emportée par l’enquête sur la THG, Jones a cédé à la « fatigue » et Torri Edwards est dans l’incertitude en raison d’un contrôle positif à un stimulant.
Mais le 100 m a révélé LaTasha Colander, une élève de Trevor Graham passé miraculeusement du 400 m à la ligne droite (10.95), et confirmé le talent de Lauryn Williams, une sprinteuse de poche qui figure parmi les 32 sélectionnés âgés de moins de 25 ans, dont 9 se sont imposés durant les « trials » à l’image d’Allison Felix. La benjamine de l’équipe (18 ans), qui s’était révélée l’an dernier, possède une foulée aérienne capable de rivaliser avec les meilleures spécialistes du 200 m, d’autant qu’elle a appris à gérer les tours après l’échec des Mondiaux 2003. Pour Jones, oublié le rêve de cinq médailles. Elle peut toutefois prétendre à l’or qui lui avait échappé quatre ans plus tôt: à la longueur et au relais 4×100 m. Eliminé sur 100 m, elle pourrait réapparaître sur le ligne droite si Torri Edwards est punie pour dopage et si Gail Devers (37 ans) réserve ses «vieilles jambes» au 100 m haies, spécialité dont l’or olympique manque au palmarès de la double championne du 100 m (1992 et 96).