ALM : Vous venez de fonder une association avec plusieurs autres ex-internationaux marocains. De quoi s’agit-il au juste ?
Merry Krimau : Een fait, l’AFMPI a été créée à Paris en 2001 à l’issue de la rencontre qui avait mis aux prises le Onze national contre une sélection de joueurs européens. Nous avions organisé ce match pour la promotion de la candidature marocaine au Mondial 2006. Mais c’est quand je suis rentré au pays en août 2003 que l’AFMPI a pris forme à Casablanca-Anfa. Nous avons eu un local au complexe Mohammed V grâce à la wilaya. Le même local sera entièrement équipé grâce au président de la Fédération royale marocaine de football, M.Housni Benslimane. Je suis le président de l’association, Mohamed Rajoub en est le secrétaire général et le trésorier n’est autre que Mustapha Haddaoui. En font partie tous les internationaux marocains, depuis Akesbi et Belmahjoub, jusqu’au plus jeune international de nos jours, en passant par les Dolmy, Timoumi, Amanallah, et bien d’autres. Cela en plus de l’adhésion de plusieurs sportifs dans d’autres disciplines, comme Saïd Aouita, Brahim Boutayeb ou encore Hicham El Guerrouj. Si c’est le foot qui s’octroie la plus grande part, cela n’empêche pas de retrouver les autres disciplines. De plus l’association demeure ouverte à toutes les potentialités sportives nationales.
Quelles sont vos activités depuis la création de cette association ?
Nous avons fait pas mal de choses notamment depuis le mois du Ramadan. Nous avons mené des actions d’ordre caritatif dans des hôpitaux, dans la maison de réforme de jeunes à Oukacha. Nous avons également organisé un certain nombre de tournois de football dans des quartiers populaires. Le reste du temps, nous sommes constamment mêlés aux jeunes sportifs qui ont besoin de repères. Nous les écoutons pour leur tracer la voie de la réussite. Car, outre le cadre de l’association, nous sommes des éducateurs professionnels de football. De plus, avoir des locaux au complexe Mohammed V est une bonne adresse dans la mesure où elle nous rapproche beaucoup des sportifs et nous facilite ainsi la création de liens et la communication avec un maximum d’intervenants. D’ailleurs c’est une première au Maroc qu’une association de footballeurs marocains est logée dans un complexe.
Que pensez-vous, d’une façon globale, de la compétition du ballon rond au Maroc?
A mon avis, il va falloir attendre la prestation des Lions de l’Atlas lors de la CAN prévue dans quelques jours en Tunisie pour pouvoir se prononcer sur le niveau du football. Car je pense que c’est au niveau de la sélection que se reflète le degré d’avancement de la compétition. Sur le plan des équipes, je vois que le Raja vient d’être couronné au niveau continental, c’est une fierté pour moi. En revanche, il faut reconnaître que notre championnat s’est beaucoup dégradé, et les raisons en sont nombreuses. Des problèmes d’ordre financier, c’est la maladie de plus de 90 % des clubs nationaux, mais il faut aussi parler d’un manque effroyable de dirigeants forts et qualifiés. Je me pose un certain nombre de questions à ce sens, je me demande si la qualité a tellement baissé, mais je trouve qu’il y toujours de jeunes talents qui n’ont besoin que d’encadrement. Alors pourquoi ça ne marche pas ? Je crois que le problème se situe beaucoup plus au niveau de la gestion en général. Il faut plus de partenariat, davantage de sponsoring et pourquoi pas de l’investissement en football.
Vous n’envisagez pas de mettre vos acquis professionnels au service du football national ? Autrement dit, vous ne vous voyez pas dans la peau d’entraîneur d’une équipe marocaine ?
Si un club fait appel à moi, je suis prêt à étudier son offre. J’ai acquis durant de longues années suffisamment d’expérience et de savoir dans le domaine pour prétendre au poste d’entraîneur. Et en plus, je connais très bien le football marocain et la mentalité des footballeurs marocains.
Je suis présent dans mon pays en tant qu’entraîneur diplômé, comme c’est le cas d’ailleurs de mon coéquipiers Haddaoui. Et sincèrement, entraîner une équipe marocaine c’est mon souhait. C’est notre métier. Cependant, nous voulons également jouir d’un minimum de respect, car il semble que ce n’est pas toujours le cas. Certains dirigeants nous abordent en nous proposant de prendre en charge la direction technique de leurs équipes, mais nous demandent en même temps de le faire gratuitement ou presque. Leur justification réside toujours dans les problèmes d’argent. Mais quand ils font venir des étrangers ils leur assurent des salaires imaginaires. Nous on veut travailler, au sens professionnel du terme. Que l’on nous mette à l’épreuve et après si nous n’assumons pas il serait toujours temps de se retirer.