L’amélioration des performances des sportifs de haut niveau réclame une implication poussée de la recherche scientifique dans la préparation des athlètes et, à cet égard, ni le Maroc, ni la France ne figurent pas parmi les nations les plus en pointe, affirment des chercheurs spécialistes du sport.
«L’augmentation de la performance ne peut plus être attendue d’une augmentation de la charge d’entraînement», souligne, à cet égard, Chantal Mathieu, chef du département français des sciences du sport à l’Institut national du sport et de l’éducation physique (Insep). «Il faut désormais jouer sur le qualitatif».
«En dépit des réticences persistantes de certains entraîneurs, notre objectif est d’intégrer la science des sports dans la pratique du sport de haut niveau», affirme-t-elle.
Mme Mathieu dirige à l’Insep une cellule de 22 chercheurs financés pour moitié par l’Etat français et pour l’autre par les fédérations, en rémunération de contrats de recherche concernant directement leur sport.
«En Allemagne, l’organisme de recherche qui nous correspond a dix fois plus de chercheurs. Au Japon, ils viennent de créer un institut des sports, d’une toute autre dimension par rapport à la nôtre. En Australie, le sport est systématiquement organisé en intégrant la science», soupire Mme Mathieu.
«Nous, nous en sommes encore à fonctionner sur la base du militantisme ou de la démonstration pour des entraîneurs, qui donnent suite ou pas. On reste dans deux logiques différentes qui se croisent et qui doivent s’apprivoiser….»
«Il y a aussi beaucoup de travail à faire pour convaincre les politiques qu’il faut mettre le paquet», ajoute la chercheuse. Un premier pas pourrait être de conférer à son département un statut d’établissement scientifique qui lui permettrait de participer à des appels d’offres européens.
Ses équipes, structurées en cinq laboratoires, ont en permanence "une trentaine de projets de recherche sur le feu", dans des champs allant de la biomécanique à l’informatique sportive, en passant par la psychologie.
Christine Hanon, responsable du laboratoire français de biomécanique et physiologie et elle-même ancienne athlète de haut niveau, travaille surtout avec les disciplines les plus "énergétiques": «le cyclisme, l’athlétisme, le triathlon ou la natation sont demandeurs de nos évaluations», indique-t-elle.
Ce laboratoire étudie la régularité du pédalage des pistards, grâce à un pédalier dynamométrique qui transmet ses données à un petit ordinateur logé dans un sac à dos de 1,5 kilogramme que le sportif porte sur lui.Il mesure également l’activité électrique des muscles du sportif ou la dérive de sa consommation d’oxygène, qui donnent des indications sur son état de fatigue. D’autres scientifiques ont défini pour chaque discipline une "valeur d’excellence" en matière de force et d’explosivité qui permet de définir pour chacun un entraînement approprié.
Les informaticiens fournissent aux entraîneurs des images en trois dimensions de leurs poulains à l’entraînement.
Les joueurs de tennis les utilisent pour savoir pourquoi certains d’entre eux se blessent plus facilement que d’autres. On pour apprendre à lire les intentions du joueur d’en face en couplant ces images à une analyse du mouvement de ses yeux.