ALM : Comment avez-vous abordé le combat qui vous a opposé vendredi dernier au Hongrois Denes Recs ?
Mustapha Lakhsem : C’était un combat pas comme les autres. Il est vrai qu’auparavant, j’avais remporté sept titres de champion du monde, mais celui que je m’apprêtais à reconquérir vendredi soir avait un goût tout différent. Il devait bien sûr m’ouvrir la voix d’un huitième titre mondial. Mais sa valeur était tout autre. Elle réside dans le fait que c’était peut-être le dernier combat j’ai livré pour l’obtention d’un titre de champion du monde.
Ce combat était-il difficile ?
Très difficile même. Mon adversaire de vendredi est le champion d’Europe en titre et ambitionnait de décrocher un titre de champion du monde.
Le Hongrois est ce qu’on appelle dans le milieu « un combattant complet ». Il pouvait aussi user de ses pieds que de ses mains lors de ce combat. Ce qui n’était pas mon cas, puisque, ma vieille blessure à l’épaule s’est réveillée au bout de trois rounds seulement. Ces trois premiers rounds durant lesquels j’ai essayé de jauger la force de mon adversaire. Mais comme il était très malin, il a usé de la même technique, ne voulant pas étaler toutes ses cartes et essayant de tâter ma force. A certains moments, il a même réussi à me bousculer, mais Alhamdoulillah, j’ai été plus fort que lui. Blessé à l’épaule, je ne disposais pas de beaucoup de temps devant moi pour essayer de conclure le combat en ma faveur. C’est pour cela que lors du 5ème round, j’ai tout fait pour battre le Hongrois par KO. Une tactique qui a porté ses fruits puisqu’il a jeté l’éponge me permettant de gagner un titre de champion du monde WAKO très cher pour moi.
A quel moment du combat avez-vous senti que vous pouviez le gagner ?
Pour être franc avec vous, c’est ma blessure à l’épaule qui a précipité les choses. J’étais conscient de mon handicap. Je ne pouvais boxer qu’avec une seule main. Tôt ou tard, mon adversaire, ainsi que l’arbitre, allaient s’en rendre compte. Le premier allait en profiter pour me pousser dans mes derniers retranchements alors que le second allait certainement interrompre le combat et donner la victoire à mon adversaire, comme c’est déjà arrivé il y a deux ans contre l’Espagnol Rodriguez.
Il s’en est suivi la perte de ma ceinture mondiale, reconquise vendredi dernier.
Vous avez évoqué une éventuelle retraite après ce huitième titre de champion du monde. Pourquoi ?
J’ai 32 ans et je suis actuellement au top de ma forme. Ma toute récente ceinture mondiale en est la preuve. Mais j’estime qu’il est temps pour moi d’arrêter de boxer et d’essayer de faire autre chose. Chaque athlète de haut niveau sait intuitivement à quel moment de sa carrière il doit prendre sa retraite. J’estime que ce moment pourrait venir bientôt. Mais rien n’est encore sûr. Il faudrait que je pense actuellement à guérir mon épaule. Une intervention chirurgicale est peut-être nécessaire.
Avez-vous des projets d’avenir ?
Mon rêve a toujours été d’ouvrir mon propre centre sportif avec une école de Full-Contact. J’en avais une en Allemagne. Un projet que j’ai dû quitter par manque de temps. Il serait peut-être temps de penser à un projet pareil au Maroc, à Fès ou à Rabat.