Ils étaient trois. Désormais, ils sont quatre joueurs, partie intégrante de l’équipe nationale Junior, à être sollicités par le Bahreïn. Sollicités non seulement pour intégrer des clubs de ce pays, mais pour porter le maillot de ce dernier. Présent tout au long de la semaine écoulée au Maroc, un groupe de «négociateurs» bahreïnis a quitté, comme le rapporte le confrère Assabah, Casablanca jeudi. Dans ses valises, figuraient de bonnes promesses, de par et d’autres.
Principal concerné, la fédération n’a pas encore réagi à ce qui s’apparente à une véritable offensive bahreïnie pour s’adjuger des footballeurs marocains et en faire ses fers de lance dans son équipe nationale. En attendant, l’appât lancé par ces derniers semble avoir pris. Et leurs propositions n’ont pas manqué d’en séduire plus d’un. Plusieurs éléments contactés ont d’ores et déjà affirmé être intéressés par l’offre.
Une offre qui consiste en une bagatelle de 1,5 millions DH, plus un salaire mensuel de 2000 dollars, généreusement déboursés par le ministère bahreïni de la Défense. Une méthodologie qui rappelle celle adoptée par le même pays, il y a quelques années, mais qui s’adressait aux athlètes.
Rachid Ramzi, celui-là même qui a remporté la médaille d’or au 1500, lors des derniers championnats du monde d’athlétisme, organisées en août dernier à Helsinki, était parmi les athlètes à avoir accepté l’offre. Après l’athlétisme, et le bon nombre de Marocains qui se sont vu proposés des contrats alléchants en contre partie de leurs services, le tour est maintenant au football.
Et il ne serait pas étonnant de voir des joueurs changer de maillot national. Les raisons sont toujours les mêmes et ne sont autres que les conditions de précarité sociale dans laquelle vivent plusieurs joueurs. Devant le manque d’égard, sur le plan financier, et parfois même moral, qu’on leur témoigne et les sirènes d’une vie meilleure, loin du besoin, le choix est vite fait. A l’heure où l’on parle de professionnalisme, le joueur marocain reste le parent pauvre de toute stratégie de mise à niveau. En témoigne le report de la mise en oeuvre du système de contrats entre clubs et joueurs, prévu initialement avant le début de l’actuelle saison. Issus pour la plupart du championnat national, les joueurs concernés par cet autre type de transfert, comme tous les autres, devraient encore attendre. Ceci, alors que ces mêmes éléments étaient les auteurs d’une bonne prestation lors de la dernière Coupe du monde de football Junior, qui s’est tenue en juin dernier aux Pays-bas, où les Lionceaux de l’Atlas ont été classés quatrième après s’être qualifiés à la phase des demi-finales. A une indifférence, une indifférence et demi. Et à moins que l’élément clef de toute discipline sportive, l’Homme en l’occurrence, ne soit réhabilité, la saignée n’est pas prête de prendre fin.
Un constat aussi malheureux que la démarche de facilité dont usent certains pays et qui consiste plus à «acheter» des sportifs clefs en mains qu’à oeuvrer pour en faire émerger sur un plan local. A lui seul, le Bahreïn est passé maître en la matière.