Les exemples ne manquent pas dans certains pays parmi lesquels l’Angleterre, la France, l’Italie et la Belgique, où le football notamment constitue un terrain propice pour des énergumènes, aveuglés par leur fanatisme et en manque de défoulement, pour déverser leur haine et étaler leur folle agressivité. Si la manifestation la plus tragique de cette violence réside dans le hooliganisme et les véritables combats rangés qui opposent les supporteurs de certaines équipes, il y a un domaine où ce phénomène trouve également un écho: le commentaire sportif.
Le langage utilisé par certains commentateurs sportifs témoigne en effet de l’énormité du dérapage. Sous influence d’une actualité pas toujours gaie et mis en conditions par des perspectives pour le moins sombres et incertaines, le commentateur sportif se retrouve, lui aussi, en train d’utiliser un langage guerrier attisant la haine qui prévaut déjà dans une société où la perte des repères et la peur du lendemain se font de plus en plus perceptibles. A telle enseigne que la description d’un match de football prend parfois l’air de celle d’un épisode macabre d’une véritable guerre entre deux armées qui se livrent une bataille sans merci. Ainsi, pour certains commentateurs, le terrain devient une «arène» où les deux équipes se présentent pour «croiser le fer». Souvent, c’est « tambour battant» que celles-ci se présentent pour un «duel» dont la victoire reviendra à celui qui aura « saigné à blanc » son adversaire. Un «combat de titans», diront-ils. En somme, des images dignes de la description des combats livrés à mort, il y a des siècles de cela, à Rome par les gladiateurs contre des hommes de même calibre ou contre des bêtes féroces.
Dans un autre répertoire, cette fois-ci plus contemporain, certains commentateurs «actualité oblige» n’hésitent pas à faire référence à un jargon qui rappelle plus la description d’une confrontation militaire que d’une compétition sportive commandée par de nobles valeurs prônant plutôt le pacifisme et la tolérance. Ainsi, il n’est pas rare qu’une équipe compte dans ses rangs un «canonnier » qui «bombarde » à longueur de match le «camp» adverse pour tenter d’en «percer le dispositif défensif». L’une des deux équipes finira par s’avouer «vaincue», et devant tous les «assauts» subis «se prosternera» donc devant la «suprématie» de l’adversaire.
L’équipe battue s’en trouvera «écrasée» et «humiliée» devant ses «troupes» qui ne peuvent que constater les «dégâts». Ce ne sont malheureusement là que des échantillons d’un langage incendiaire que des milieux oeuvrant à garder au sport sa noblesse et sa pureté décrient de plus en plus. En prenant conscience de ces dérapages et en veillant à les éviter, c’est sans doute le sport et tout ce qu’il incarne qui seront valorisés(…)
• Abdelaziz Ouedrhiri (MAP)













