A 11h00, au centre de la ville de Monastir, l’ambiance était 100 % football. Des cortèges de supporters sillonnaient les ruelles de cette paisible ville méditerranéenne. Les drapeaux marocains, algériens et tunisiens flottaient partout. Le football a réussi ce que la politique tarde à réaliser: l’union maghrébine. « Depuis l’annonce du déroulement de cette importante rencontre à Monastir, nous nous sommes organisés, plusieurs étudiants marocains dans cette ville, pour y assister en groupe. Nous ne pouvions laisser passer cette occasion sans montrer aux Lions de l’Atlas que nous sommes derrière eux dans cette aventure africaine», estime Tarik, étudiant en médecine.
Ces mêmes étudiants se sont même organisés pour suivre l’équipe nationale dans tous ses déplacements, samedi 31 janvier à Sfax et mercredi 4 février à Sousse. Ils ont même prévu, en compagnie d’autres étudiants de différentes nationalités, d’assister à de nombreuses rencontres, notamment celles des équipes maghrébines et arabes. C’est ainsi que la sélection algérienne était épaulée, lors de sa rencontre dimanche dernier contre les Lions Indomptables du Cameroun, par des dizaines de Marocains. Dans l’enceinte du stade olympique de Sousse qui a abrité ce match, les drapeaux rouges étoilés côtoyaient ceux en blanc et vert dans une belle symphonie de couleurs. La même scène s’est répétée mardi devant le portail principal du stade Mustapha Ben Jannet de Monastir. Les slogans criés par des centaines de jeunes mordus de cette discipline sportive en sont la preuve. Des «Plus de visa dorénavant» ou encore «Vive le Maroc, vive l’Algérie, vive la Tunisie» fusaient de partout. Le point noir de ce tableau idyllique sont les difficultés qu’ont rencontrées de nombreux supporters, surtout les Marocains, pour se procurer des billets afin d’assister à ce premier choc du groupe D. Le service de billetterie du comité d’organisation de la CAN (COCAN) avait déclaré lundi que la rencontre Maroc-Nigeria allait se jouer devant près de 20.000 spectateurs, soit devant des gradins archi-combles. Les résidents à Monastir, étudiants dans leur majorité, se sont assuré une place dans l’enceinte du stade Mustapha Ben Jannet plusieurs jours auparavant. Ce qui n’est pas le cas des autres compatriotes qui se sont déplacés d’autres villes.
«Je suis venu ce matin à Monastir en compagnie d’une dizaine de Marocains. Cela fait près de quatre heures que nous cherchons des billets d’entrée en vain», déclare un jeune travailleur marocain de Bizerte, qui attendait devant le stade. Ils ne pourront finalement pas voir évoluer les Lions de l’Atlas. Même en marché noir, les billets étaient indisponibles, mardi matin. «J’ai offert 30 dinars (240 dirhams) pour un billet qui ne coûtait initialement que 3 dinars (25 dirhams). Et pourtant, je n’ai pu l’avoir », déplore un autre Marocain de Bizerte.
Prenant leur mal en patience, de nombreux Marocains étaient obligés de se rendre au plus proche café pour y suivre la rencontre en direct sur les écrans de la TV, en ayant une seule question sur les lèvres : «Pourquoi avoir programmé une aussi importante rencontre dans un stade ne pouvant accueillir qu’un nombre aussi limité de supporters ?»