La sélection nationale a été éliminée de la Coupe d’Afrique des Nations, après s’être inclinée face à son homologue sud-africaine sur le score de 2 buts à 0, en match des huitièmes de finale, disputé mardi au stade Laurent Pokou à San Pedro.
Les Coupes d’Afrique des Nations se suivent et se ressemblent hélas pour le Maroc. Les Marocains qui nourrissaient et caressaient le rêve de décrocher le deuxième trophée de leur histoire, ont été littéralement anéantis par une disqualification dès la première rencontre à élimination directe.
Le Maroc, grandissime favori, n’a pu arracher la victoire face à l’Afrique du Sud, dont le réalisme a été son atout majeur.
Les premiers demi-finalistes africains en Coupe du monde n’ont pas assumé leur statut et ce sont ainsi les «Bafana Bafana» qui iront défier le Cap-Vert, samedi à Yamoussoukro, dans le quart de finale le plus inattendu du tournoi.
Comme le Sénégal, surpris la veille par la Côte d’Ivoire, le Maroc a cédé, après un premier tour maîtrisé. Walid Regragui, qui avait annoncé quitter son poste de sélectionneur si les «Lions de l’Atlas» n’atteignaient pas au moins les demi-finales, va-t-il rester?
De toute manière, le coach a assumé ses responsabilités, son schéma tactique ainsi que son Onze de départ. Avec une méfiance exagérée, les Lions de l’Atlas ont préféré consacrer la première période à l’observation. Au fur et à mesure que les minutes défilaient, et devant l’inaction des joueurs, les Sud-Africains gagnaient de plus en plus de confiance. Avec cet attentisme, le Maroc a involontairement donné le bâton à son adversaire pour se faire battre.
Après la pause, les deux formations sont passées à l’offensive. En fins opportunistes, les Bafana Bafana profitent d’un alignement catastrophique de la part de la défense, notamment à cause d’un Noussair Mezraoui -copieusement conspué- pour inscrire le premier but grâce à l’attaquant des Orlando Pirates Evidence Makgopa.
Ce premier avertissement fait sortir les Lions de leur tanière. Les occasions se multiplient et les menaces prennent de plus en plus forme. Walid Regragui opère des changements dans l’objectif de recoller au score. Et c’est chose faite. Entré pour prêter main forte à Youssef En-Nesyri, Ayoub El Kaabi obtient un penalty providentiel juste avant la fin du temps réglementaire. Achraf Hakimi se charge de cette balle d’égalisation mais il l’envoie sur la barre (86). Et comme un malheur ne vient jamais seul, Sofyan Amrabat ne finit pas le match, exclu pour une faute en dernier défenseur (90+4). Et sur le coup franc, Teboho Mokoena conclut son très grand match d’un coup franc direct (90+5).
Notons que l’Afrique du Sud est la seule équipe à avoir battu le Maroc en 2023 puisqu’ils avaient gagné en qualifications pour cette CAN le 16 juin (2-1).
La malédiction continue donc pour le Maroc, qui n’a remporté qu’une seule Coupe d’Afrique, en 1976, un peu maigre pour son statut de géant du continent.
La Tunisie et l’Algérie éliminées dès le premier tour, l’Égypte sortie par la RD Congo, l’Afrique du Nord n’a plus de représentants en Côte d’Ivoire. Les Bafana Bafana aussi n’en ont remporté qu’une, la première, chez eux en 1996. Leur sélectionneur belge Hugo Broos, champion d’Afrique avec le Cameroun en 2017, est toujours en course pour remporter deux CAN avec deux équipes, comme le Français Hervé Renard avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015). Aujourd’hui, les émotions devront être mises sous cloche. L’heure est à la préparation sérieuse et efficace aux prochaines échéances. Le Maroc organisera la prochaine Coupe d’Afrique des Nations et devra tirer toutes les leçons de cet échec cuisant.
Déclarations des entraîneurs
Walid Regragui
Sélectionneur de l’équipe du Maroc
«L’Afrique du Sud a joué le match qu’il fallait pour gagner. Nous n’avons pas su concrétiser les occasions que nous avons eues. On s’est créé beaucoup de situations, mais la réussite nous a fait défaut. On a eu beaucoup de déchets techniques et on s’est précipités sur les derniers gestes. J’espère que les joueurs vont apprendre de cet échec, surtout les jeunes.
Le penalty pouvait tout changer, j’avais confiance en Achraf Hakimi. C’est une compétition compliquée pour tout le monde. Aujourd’hui, c’est l’échec du coach et non pas des joueurs, car ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes.
Je ne vois pas le verre à moitié plein ou à moitié vide. Il faut accepter la défaite et féliciter l’Afrique du Sud. En première mi-temps, nous étions très attentistes. Le but nous a réveillés. On s’est battus jusqu’au bout avec nos armes. Nous avons un bon effectif. Nous avons échoué, certes, mais on va réfléchir et on va avancer. Ce n’est pas la fin du monde. On souhaitait offrir le titre à notre public qui nous a soutenus. Je suis déçu pour eux. Je porte la responsabilité totale de cette contre-performance».
Hugo Broos
Sélectionneur de l’Afrique du Sud
«Je suis immensément heureux pour cette victoire. Le Maroc est une grande équipe. C’est la première nation africaine au classement FIFA. C’est une énorme prouesse pour nous.
Pendant le match, les deux équipes étaient très prudentes, surtout en première période. Le Maroc avait énormément d’occasions, mais c’est nous qui avons marqué. Les joueurs ont exécuté les consignes à la lettre et étaient très disciplinés.
Intrinsèquement, le Maroc a des joueurs qui sont plus forts que nous. Nous avons essayé de jouer un jeu collectif et d’être regroupés, sans donner d’espace.
Nous avons grandi en maturité au cours de cette CAN. Même si nous ne jouions pas assez bien au début, nous nous sommes améliorés.
L’équipe est énormément critiquée en Afrique du Sud. Mais j’ai essayé de donner l’opportunité aux joueurs locaux, qui ont montré leur talent.
Nous savions comment jouer ce match. Pour gagner ce genre de rencontres, il faut toujours un peu de chance».
