Il est argentin de nationalité, âgé de 31 ans et il est promoteur touristique au Brésil, pays où il séjourne depuis plusieurs années. Jusqu’au jour où, « fatigué de la vie, la routine et ne voyant plus aucune intérêt à garder le même mode de vie, je me suis interrogé sur ce que je voudrais vraiment faire, ce qui ferait que ma vie vaille la peine d’être vécus. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de vivre ma passion de toujours, le voyage, et de faire le tour du monde». Lui, c’est Pablo Garcia, celui qui séjourne depuis le début du mois d’août au Maroc. Un séjour qui fait office de pause pour celui qui a entamé au brésil l’aventure de sa vie, avec son VTT pour seul moyen de transport terrestre, depuis 1999 et qui n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. Même si l’usure des voyages et les marques de la fatigue commencent à se dessiner sur son visage. Blanc de peau, les yeux clairs, plutôt bel homme, Pablo Garcia n’en ressemble pas moins à un hippie sorti droit des années 1970, chétif, le regard distrait et les habits salis par tant d’effort et de sueur.
Il dégage cependant une sérénité et un courage qui font que son voyage n’a pas servi à rien. « Avant, j’étais totalement stressé par des choses insignifiantes. J’étais tout le temps débordé, je travaillais tout le temps. Je me rends maintenant compte que la vie vaut mieux que cela », nous déclare celui qui nous vient tout droit d’Espagne après une tournée en Europe. Au départ, il s’était dirigé vers son pays d’origine. Le voyage latino a duré plus d’une année. Garcia y avait traversé plus de 12000 km avant de gagner l’Afrique. Le point de départ a été l’Afrique du Sud. En deux ans, il a traversé encore 17000 km à destination de l’Egypte et en traversant plusieurs pays dont le Mozambique, «dont l’authenticité et les spécificités culturelles et linguistiques m’ont fasciné ». Arrivé par la suite en Espagne, il a également fait toute l’Europe, jusqu’à la Russie à l’Est et les pays scandinaves au Nord en passant par les Pays-bas et la Grance Bretagne et ensuite de retour en Espagne «Où une bonne partie de ma famille habite et où je n’ai pas de difficultés étant donné que c’est un pays hispanophone».
Avec un total cumulé jusqu’ici de 45.000 Km franchis, le périple marocain de Garcia prendra fin avec soin arrivée à Tanger la fin du mois. Il en gardera des bons souvenirs « tant au bon contact des gens, à l’immense paix qui règne dans le pays qu’au soutien dont plusieurs organismes m’ont témoigné. A commencer par la COMANAV qui m’a accompagné de bien de manières», commente Garcia. Un soutien qui tranche avec l’indifférence européenne, où le concerné n’a survécu qu’en vendant des produits d’artisanat qu’il fabriquait lui-même.
Prochaine étape, Sète, en France à partir de laquelle il entend continuer son voyage à travers l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, l’Alaska, l’Amérique du Nord pour enfin pouvoir rentrer chez lui. Le tout pour une durée d’encore quatre 4 ans. Voyageant avec une moyenne de 100 à 120 km par jour, Garcia avoue souffrir de quelques moments de passage à vide. «Voyager à vélo n’est pas facile. On ressent tout : la pluie, la chaleur, le froid. On est plus fragile que jamais. Il y a aussi des fois où la solitude s’empare de moi. Les miens me manquent. Je faiblis un moment pour reprendre de plus belle », nous dit-il. Dur, le voyage n’en est que plus intéressant. «Le vélo me permet d’être tout le temps au contact des gens. Voyager lentement, c’est pouvoir admirer chaque pays, chaque région, chaque culture, chaque nouvelle amitié. C’est aussi le moyen de transport le moins cher qui existe. J’y transporte mes 70 kg de bagages ainsi que ma tente, même si des fois, je loge dans des hôtels bon marché».
Mais que peut retenir un tel aventurier de toutes ces distances franchies ? «Le respect de soi et des autres. La possibilité de se surpasser, de pousser ses limites le plus loin possible. Des souvenirs dignes de ce nom».
Des souvenirs qu’il compte regrouper, à la fin de son aventure, dans un livre ainsi qu’à travers une série d’expositions de photographies qu’il ambitionne d’organiser une fois de retour en Amérique du Sud. Il y va, selon lui, du devoir de faire se rencontrer les cultures et de transmettre une expérience d’une vie aux générations futures.