Auckland.
Les quatre pensionnaires du dernier carré se disputeront les deux billets pour la finale d’Australie & Nouvelle-Zélande 2023 à commencer par une belle affiche opposant une Espagne ambitieuse à une redoutable Suède.
Les demi-finales s’ouvrent sur une confrontation passionnante et un choc de styles entre deux formations européennes. D’un côté, l’Espagne misera sur son jeu de possession et la technique de ses joueuses offensives pour continuer sur sa belle lancée. De l’autre, la Suède cherchera de nouveau à dominer son adversaire sur le plan athlétique et à marquer sur coups de pied arrêtés. Côté Espagne, la direction technique a été longtemps exposée à la critique. Désavoué il y a un an par une partie des joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda s’est accroché à ses méthodes jugées clivantes pour conduire l’Espagne en demi-finale d’un Mondial féminin pour la première fois, contre la Suède, mardi à Auckland.
La Roja présente le profil le plus offensif des équipes présentes dans le dernier carré, mais son jeu attrayant cache des rancoeurs profondes au sein de l’équipe. La 6ème nation mondiale continue de gérer les répliques du séisme de septembre 2022, lorsque 15 internationales ont annoncé qu’elles ne voulaient plus porter le maillot de leur sélection en raison de désaccords avec la gestion de Vilda. Cette crise, inédite à ce niveau, a menacé l’émergence de l’Espagne comme puissance du foot féminin, portée notamment par les investissements récents du FC Barcelone, vainqueur de la dernière Ligue des champions, ou du Real Madrid.
Mais, en Océanie, l’entraîneur a défendu sa légitimité à travers des résultats exceptionnels pour une équipe qui n’en est qu’à sa troisième participation à une Coupe du monde.
L’Espagne a éliminé la Suisse (5-1) en huitièmes puis les Pays-Bas finalistes en 2019 (2-1 a.p.) pour atteindre les demies pour la première fois de son histoire.
Ce parcours porte la marque des risques tactiques de Vilda, adepte du turn-over autour de son 4-3-3 axé sur la conservation du ballon et le contre-pressing: «Nous avons 23 titulaires. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des faits», a-t-il expliqué.
Il a, par exemple, évincé la gardienne titulaire Misa Rodriguez, qui a joué les trois matchs du groupe, après la défaite contre le Japon (4-0), pour lancer la jeune doublure Cata Coll lors de la phase à élimination directe. Le choix est d’autant plus osé que Coll, 22 ans, est aussi remplaçante au Barça, derrière la N°1 Sandra Paños, l’une des «frondeuses» qui a demandé sa réintégration, en vain. Contre la Suisse et les Pays-Bas, Vilda a aussi décidé de ne pas titulariser la double lauréate du Ballon d’or en titre, Alexia Putellas, l’une des stars de la compétition revenue juste à temps pour le tournoi, après une longue blessure à un genou. Ces changements ont laissé place à certains nouveaux visages comme la milieu Teresa Abelleira (23 ans) ou l’attaquante Salma Parellelo (19 ans), qui a marqué le but de la qualification face aux Pays-Bas. L’Espagne affiche son unité au moment d’affronter la Suède, troisième nation mondiale, qui a éliminé les Etats-Unis doubles tenants du titre (0-0 ap, 5-4 tab) puis le Japon (2-1). Les Scandinaves, troisièmes au classement mondial de la Fifa, sont des habituées du dernier carré dans les grandes compétitions internationales, mais elles n’ont toujours pas remporté le moindre trophée majeur depuis l’Euro-1984 (le premier Euro de l’histoire). Ces dernières années, elles ont perdu en finale des Jeux en 2016 et 2021, ainsi qu’en demies de l’Euro-2022 et du Mondial-2019.
En Océanie, elles ont réussi l’exploit d’éliminer les deux derniers pays champions du monde: les Etats-Unis doubles tenants du titre en huitièmes (0-0 ap, 5-4 tab), et le Japon, sacré en 2011, en quart (2-1).
L’Espagne présente un profil opposé à la Suède. Nation émergente du foot féminin, la Roja s’apprête à disputer sa première demi-finale de Coupe du monde, à sa troisième participation.
Alors que la double Ballon d’or en titre Alexia Putellas semble encore en deça physiquement après sa blessure au genou, les Ibériques sont tout à fait armées pour contrer la puissance suédoise.