Aujourd’hui le Maroc : Quel est votre sentiment après avoir remporté le Grand Prix Hassan II ?
Younès El Aynaoui : Avoir réussi depuis le début de la saison à remporter le tournoi de Doha, qui m’a permis d’être n°1 mondial, était déjà un grand moment pour moi. Mais je crois que la victoire ici à Casablanca, devant un public qu’on a rarement l’habitude de voir, dépasse de loin la joie éprouvée à Doha. Mon sentiment à cet égard est indescriptible. Je suis très fier d’avoir pu mener mon petit bonhomme de chemin jusqu’au bout malgré le fait que je n’étais pas très en forme. J’étais également le favori de cette édition, ce qui a pesé lourdement sur mon moral. À cela s’ajoutent les jeunes tennismen auxquels j’étais confronté qui n’avaient rien à perdre et tout à gagner dans ce tournoi. Mais j’ai réussi à rehausser mon niveau de jeu au fil des matchs pour atteindre la finale. La finale que j’ai disputée avec un tennis presque parfait et offensif, comme j’aime tant à le pratiquer.
À qui dédiez-vous votre victoire ?
Ma victoire est dédiée à tous ceux qui ont contribué à ma réussite. À commencer par ma famille, ma femme et le public marocain qui s’est déplacé en masse et m’a accompagné durant toute cette semaine. Ma victoire m’a rappelé celle d’il y a cinq ans, sur le même central et dont l’auteur a été Hicham Arazi. J’estime que c’est un grand tennisman qu’il faut encourager. Il a beaucoup fait pour son pays. On aura bien besoin de lui pour affronter la Suisse en Coupe Davis. J’ai aussi une petite pensée pour le peuple palestinien avec lequel on ne peut être que solidaire. Ma participation à la marche de Rabat était un moment très émouvant pour moi. J’ai été également très touché par la présence de plusieurs sportifs handicapés qui étaient là et avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger quelques balles. C’est une victoire pour tout le Maroc et qui ne manquera pas de me pousser à aller de l’avant.
Comment qualifierez-vous l’organisation du Grand Prix Hassan II?
Organiser au Maroc un tournoi ATP est une grande avancée pour le développement du tennis au Maroc. Mais, malheureusement, on n’a pas su tirer profit des précédentes éditions. On y avait assisté à une marée humaine qui a déferlé sur le complexe El-Amal. Il était donc impératif de mieux gérer le déroulement du tournoi cette année. Cette situation était prévisible et s’est effectivement reproduite. Il fallait être prêt pour recevoir le plus grand nombre de gens, quitte à agrandir le central. Une organisation, c’est surtout savoir accueillir, transiter et garder une place aussi bien pour les spectateurs que pour les journalistes, photographes…Mais on a réussi à garder une bonne ambiance. Guillermo Canas lui-même m’a confié que le public était fantastique. C’est un bon point.
Votre prochain rendez-vous est le tournoi de Monte-Carlo qui débute cette semaine. Ce sera avant d’embarquer pour le Rolland Garros. Vous sentez-vous prêt?
Ce n’est certainement pas évident de disputer un tournoi juste après en avoir gagné un autre. D’autant plus que j’aurai affaire dès demain (lundi) à un autre argentin qui lui sera tout frais. Mais il va falloir se remettre dans l’ambiance du jeu. Avec le capital confiance que j’ai accumulé, je crois être capable d’enchaîner les deux, disputer un bon tournoi de Monte-Carlo, et gagner. Après, il y aura Rolland Garros et je fais tout ce qui est en mes moyens pour remporter l’édition de cette année. J’ai désormais un entraîneur physique particulier, ma femme m’accompagne là où je vais, je me suis créé un entourage qui me suit et je ne me sens plus seul. C’est très important. J’espère pouvoir rester en bonne forme pour atteindre mon objectif: être, de nouveau, numéro un mondial. Mon seul regret est que mes supporters marocains ne seront plus là pour m’encourager.
Que pensez-vous du tennis national ?
Le tennis marocain est actuellement à son apogée. Il faut absolument en profiter et encourager les jeunes à prendre le relais, à assurer la pérennité de ce sport. Les gens connaissent Arazi, Alami et El Aynaoui. Il faut qu’on se serve de cette locomotive pour donner leur chance à ceux qui ne rêvent que de jouer au tennis, et ils sont nombreux. On l’a bien vu avec des joueurs comme Mounir El Lâaraj qui a fait preuve d’un grand talent et d’un niveau on ne peut plus remarquable. Il est absolument nécessaire de prendre en charge de tels tennismen. Les fédérations américaines et européennes ont réussi à créer des stars grâce à leur engagement avec les joueurs. Pourquoi pas nous?