Le professeur Werner Franke, expert allemand de la lutte antidopage, a estimé mardi que le système de lutte contre le dopage mis en place par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et appliqué lors des Mondiaux 2005 à Helsinki, était "inefficace". "Le système de contrôle de l’IAAF est inefficace, parce que la Fédération internationale ne veut pas de contrôles antidopage efficaces", a déclaré Werner Franke à l’agence d’informations sportives SID.
Le professeur Franke, qui avait notamment révélé l’ampleur du dopage dans le sport est-allemand, ne s’est pas étonné du bilan antidopage des Mondiaux-2005 où un seul cas de dopage a été révélé, concernant la lanceuse de disque indienne Neeslam Jaswant Singh, contrôlée positive à la pémoline, un produit stimulant.
"Je ne m’attendais pas à un bilan différent: en 1983 lors des premiers Championnats du monde d’athlétisme qui avaient déjà eu lieu à Helsinki, il n’y avait eu aucun cas de dopage", a rappelé Werner Franke. Le héraut de la lutte antidopage en Allemagne a critiqué notamment la façon de procéder de l’IAAF: "Il y a bien eu 400 contrôles antidopage avant la compétition, mais ils sont intervenus trop tardivement. Et durant les grandes compétitions, plus personne ne vient s’il n’est pas propre".
Selon le professeur Franke, "aux Etats-Unis et dans d’autres pays, comme ce fut le cas avant en ex-RDA, il y a des contrôles internes avant que les athlètes ne partent sur le lieu de compétition". "Tout athlète qui n’est pas propre, ne voyage pas : les athlètes sont très bien suivis par leur laboratoire", a-t-il ajouté en estimant par ailleurs que d’autres sociétés ont pris la suite du laboratoire américain Balco, soupçonné d’avoir fourni des stéroïdes à de nombreux sportifs américains.
"J’ai des preuves pour deux laboratoires", l’un aux Etats-Unis, l’autre en Europe de l’Est, a encore dit Werner Franke.
Il faut noter toutefois que l’agence mondiale antidopage (AMA) a ouvert son premier bureau africain au Cap (sud-ouest), mardi, afin de mieux informer et contrôler les sportifs du continent africain. "Nous ne faisons pas assez de tests antidopage en Afrique. Nous allons d’abord mettre en place un programme éducatif en Afrique de l’est, y compris au Kenya et en Ethiopie pour que les athlètes sachent quels produits ils peuvent ou ne peuvent pas utiliser", a déclaré à l’AFP Rodney Swigelaar, le directeur de ce bureau régional de l’AMA.
"Il est difficile de savoir à quel point est répandu le dopage en Afrique, mais ce nouveau bureau va nous permettre d’examiner la question", a-t-il ajouté. L’AMA, dont le siège est à Montréal, entend décentraliser son activité. La sanction minimale en cas de contrôle positif d’un sportif est une suspension de deux ans.