Aujourd’hui Le Maroc : Vous avez longtemps été membre fédéral, puis président délégué pendant trois ans. Aujourd’hui, après l’élection d’Aziz Bougja à la tête de la CAR, vous avez été promu président. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Saïd Bouhajeb : Rien ou pas grand-chose, c’est la continuité. Etre promu président d’une instance sportive au milieu de la saison n’est qu’une phase transitaire, avant l’assemblée générale. Les changements et les projets, c’est après si je suis réélu officiellement lors de la prochaine assemblée générale.
Admettant que c’est le cas…
J’émets encore des réserves. Je ne l’accepterais que si j’ai la possibilité et les coudées franches pour choisir l’équipe qui doit m’accompagner avec l’accord des clubs bien entendu. Je pense qu’il est temps de penser à aider les clubs. Je ne parle pas sur le plan financier, mais sur ceux de la formation des cadres, entraîneurs et arbitres ainsi que de leur perfectionnement. Nous disposons d’une excellente équipe junior qui compte parmi les meilleurs du monde. Je compte bien la préparer efficacement pour les rendez-vous de Hong-kong, Dubaï, Afrique du Sud et Paris auxquels nous sommes conviés grâce à notre classement international dans cette catégorie. D’ailleurs, la préparation a déjà commencé pendant le mois de juillet et va se poursuivre à raison de deux concentrations par mois jusqu’à la coupe du monde en 2003 qui va se dérouler en France.
Est-ce qu’on peut dire que le différend qui oppose la fédération au MCO est mort et enterré ?
Ce n’est plus que de l’histoire ancienne. D’ailleurs, il n’y a jamais eu de vrais problèmes. Si oui, il y aurait eu rupture. Or le MCO a participé à la coupe et au championnat qu’il a d’ailleur remporté comme il a été finaliste en coupe du trône. Les minimes oujdis ont également été sacrés champions.
La saison 2001/2002 n’a pas été fameuse pour la sélection nationale ?
Je vois que vous faites allusion à notre défaite contre la Tunisie, qui, pourtant, ne nous a jamais battus auparavant. Nous avons pêché par orgueil. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu. Cela va nous servir de leçon dans l’avenir.
Il y a plus de 350 joueurs marocains qui évoluent à l’étranger. En plus, entre 6 et joueurs partent chaque année en France et ailleurs. N’y a-t-il pas un moyen d’arrêter cette hémorragie ? Car, qu’on le veuille ou non, cette situation ne favorise pas le spectacle et l’affluence du public.
Le rugby exporte, c’est le côté social du sport. Cela nous fait de la peine de voir nos meilleurs éléments s’envoler. C’est au détriment de notre spectacle comme vous dites. Mais que voulez-vous, on n’a pas le droit de priver un jeune de bâtir son avenir puisque, vu la situation actuelle, on ne peut pas le lui garantir. N’empêche que ces mêmes joueurs sont toujours là lorsque le devoir national les appelle.
Aziz Bougja à la tête de la CAR, qu’en peut attendre l’aval marocain ?
Je crois qu’il faut poser la question à Bougja. De ma part, je pense que Aziz n’hésitera jamais à faire quelque chose pour le rugby marocain dès que cela peut lui être possible et faisable. Le vrai problème de l’aval marocain et des autres sports, surtout collectifs, réside dans l’insuffisance, pour ne pas dire le manque, d’infrastructures qui persiste. Le Maroc regorge de potentialités, des jeunes qui ne veulent que s’exprimer, mais où. Il est anormal qu’une ville comme Casablanca, qui compte des millions d’habitants, ne dispose pas d’une infrastructure sportive adéquate répondant à toutes les aspirations.
RAMO, votre club, n’a pas à se plaindre…
Grâce à Dieu et à la commune de Sidi Othman, le Rugby Athletic de Ben Msik Sidi Othman n’a pas à se plaindre.
L’exemple de cette commune doit être suivi par les autres. A côté du sport, la commune de sidi Othman s’est penchée aussi sur la question des jeunes et des retraités pour qui elle a créé des centres, des maisons spécialisées. Là encore, l’exemple est à méditer.
• Propos recueillis par A. Tallache
