Deux fois, en 1925 et 1926, les célèbres Mousquetaires, René Lacoste, Jean Borotra, Jacques Brugnon et Henri Cochet, avaient échoué en finale dans la conquête du saladier. La troisième fois avait été la bonne.
En 1927, les Français l’emportèrent enfin 3-2. Lacoste gagna ses deux simples, dont le troisième de la rencontre en battant Tilden qui, rendu furieux par la froideur calculatrice de son adversaire, s’écria: « Je suis rempli du désir sauvage de lui jeter ma raquette à la figure ! » Dans le quatrième simple, Cochet apporta le point de la victoire en dominant William Johnson. Paris accueillerait la finale l’année suivante.
Le problème était de savoir où. Sur les dix candidats à une nouvelle concession de 99 ans, le rapporteur du Conseil de Paris se prononça en faveur du Stade Français. Lequel club consentit à la construction d’un stade de tennis à la condition impérative qu’on lui donnât le nom d’un de ses membres, célèbre aviateur abattu le 5 octobre 1918, cinq semaines avant l’armistice de la première Première Guerre mondiale. C’est ainsi que naquit le stade Roland-Garros, du nom de l’aviateur qui avait réussi la première traversée de la Méditerranée entre la France et la Tunisie mais savait tout juste manier une raquette de tennis, avant même la pose de la première pierre.
Le vendredi 26 juillet, il était impossible de glisser un spectateur de plus parmi les 12.000 présents, dont certains debout, qui se pressaient sur un central prévu pour en accueillir 10.000. De nouveau opposés, la France et les Etats-Unis étaient à égalité 1-1 quand une forte pluie interrompit le double alors que Cochet et Borotra menaient 3-1 dans le premier set. Ils durent attendre le dimanche pour s’imposer en cinq sets. Le lundi, Borotra apporta le point de la victoire dans le troisième simple.
Pour parachever le tout, Cochet battit Tilden en trois sets. « Cochet joue un tennis que je ne connais pas », tempêta l’Américain cependant que son frêle adversaire était porté en triomphe et que la pluie s’était remise à tomber. Les Mousquetaires devaient conserver le saladier encore quatre ans avant de le transmettre aux Britanniques à Roland-Garros en 1933.