L’an dernier, Serena avait battu Venus lors de la première de leurs quatre finales consécutives dans un tournoi du Grand Chelem, toutes gagnées par la cadette des Williams. Et Albert Costa avait déjoué les pronostics en dominant Juan Carlos Ferrero dans la troisième finale entièrement espagnole au cours des neuf derniers Roland-Garros. Depuis, la vaillante petite Belge, Justine Henin-Hardenne, dont le jeu est particulièrement bien adapté à la terre battue, a mis fin à la série de 21 victoires de Serena à Charleston (Caroline du Sud), le 13 juin dernier. Et sa compatriote Kim Clijsters a ébranlé la mainmise des Williams sur le tennis féminin en battant coup sur coup les deux sœurs au Masters de Los Angeles, en novembre 2002.
Aux deux Belges, qui ont accumulé les bonnes performances ces derniers mois, s’est ajoutée la Française Amélie Mauresmo parmi celles qui contestent le plus fortement le joug des Williams. Mauresmo, qui n’a cependant jamais très bien réussi à domicile, vient en effet de battre Venus en finale à Varsovie et Serena en demi-finale à Rome. L’aînée des Williams souffrait certes d’une élongation abdominale qui l’obligea à abandonner en Pologne. Albert Costa ne sera sans doute pas le septième joueur à défendre victorieusement son titre (le Suédois Bjorn Borg l’a fait quatre fois à lui seul) depuis le début de l’ère Open, en 1968. Mais les Espagnols seront une fois de plus très présents. Un peu en baisse depuis quelques semaines, ils devront faire face à l’impressionnante montée en puissance des Argentins.
À ce concert hispanophone, le Brésilien Gustavo Kuerten, trois fois vainqueur en 1997, 2000 et 2001, ne manquera pas d’apporter sa fausse note. L’année dernière, malgré un début de saison perturbé par une blessure à la hanche, il était arrivé en huitièmes de finale. Cette année, il a bien préparé son coup. Et il est chez lui à Roland-Garros, où une quatrième victoire le placerait à égalité avec le Français Henri Cochet, juste derrière Borg, qui en totalisa six.
Pour l’Américain Andre Agassi, qui ne perdit qu’un set contre le Français Nicolas Escudé à Melbourne, en janvier, mais dont le dernier résultat est une défaite au premier tour à Rome, le problème est de savoir s’il est en mesure de tenir sept matches à 33 ans. Le Chilien Marcelo Rios, qui parlait de raccrocher sa raquette avant de manifester un net regain de forme juste avant l’ouverture de Roland-Garros, pourrait écourter cette interrogation dès le deuxième tour.