Souffle court, dos meurtri et perclus de crampes, Gasquet a lutté jusqu’à la fin. Mais émoussé après une semaine d’exploits, notamment la veille face au n°1 mondial Roger Federer, il a fini par céder 6-7 (6/8), 6-4, 6-3.
"J’étais cuit", a-t-il soufflé. D’une durée de près de trois heures, son opposition avec Nadal a tenu toutes ses promesses, tant par la qualité de jeu offerte que par l’intensité du combat. Impressionnant depuis le début du tournoi, Nadal, tête de série n°11, n’avait lâché que 14 jeux en quatre matches. En une partie, Gasquet lui en a ravi autant dans un débauche de points gagnants (58). L’Espagnol, 17 joueur mondial, a même vacillé à plusieurs reprises avant d’atteindre sa deuxième finale de Masters Series de suite après Key Biscayne.
Il a d’abord cédé le premier set, dans lequel Gasquet est revenu de 3-5 pour s’imposer dans un tie-break bizarre, où aucun des deux joueurs n’a remporté le moindre point sur son service jusqu’à 6-6.
Le Français, n°101 mondial, a ensuite mené 2-0 dans le deuxième set, avant de commencer à craquer physiquement. Les traits tirés, se déplaçant de plus en plus difficilement, il faisait appel au soigneur à 2-5 pour soulager son dos douloureux.
Nadal continuait à dérouler le rouleau-compresseur, obligeant son adversaire à cavaler dans tous les sens. Tentant d’abréger les échanges au maximum grâce à son formidable toucher, le Français tenait jusqu’à 3-3 dans le troisième set, se procurant même plusieurs balles de break. Mais le soigneur revenait sur le court pour lui masser la cuisse gauche. De plus en plus marqué, Gasquet n’en pouvait plus.
Plus frais, le guerrier espagnol, tous muscles dehors, s’envola alors logiquement vers la finale. Il devait rencontrer, dimanche, Guillermo Coria (n°6), à qui il devait disputer le titre officieux de meilleur joueur de terre battue. Lors de sa victoire face à l’Espagnol Juan Carlos Ferrero (6-2, 7-5), Coria a fait preuve d’un mental à toute épreuve pour maîtriser des conditions difficiles dans cette partie retardée par la pluie. Le finaliste du dernier Roland-Garros, 23 ans, a cueilli son adversaire à froid, réussissant le break d’entrée, en l’agressant sur sa deuxième balle. Dans le deuxième set, alors qu’il était mené 4-0, il ne s’est pas affolé non plus, grappillant point sur point pour revenir et gagner. Auteur d’un début de saison moyen après avoir été opéré de l’épaule droite en août, l’Argentin disputera sa première finale de l’année pour son premier tournoi sur la surface.
Ferrero, autre revenant après une année 2004 noire, peut se consoler avec cette demi-finale, son meilleur résultat depuis quatorze mois.
Gasquet, issu des qualifications, quitte lui aussi Monaco avec la satisfaction d’avoir obtenu le plus beau résultat de sa jeune carrière.
Le Français, qui intégrera le Top 60 dès aujourd’hui, lundi, a maintenant l’avenir devant lui.