Pas moins de cinq joueurs du Top 10 et quelques autres grands noms du tennis seront absents ce week-end du premier tour de la Coupe Davis, dont l’issue devient plus incertaine que jamais. Ils sont seize à briguer la succession de la Croatie, qui avait remporté une finale inattendue et inédite face à la Slovaquie en décembre dernier. Seize, dont seulement la moitié peut compter sur ses meilleurs joueurs.
L’autre partie est décimée par les blessures (Hewitt, Gaudio, Ferrero, Nadal, Safin), les baisses de forme (Coria), les choix personnels (Federer, Agassi) et les cas de dopage (Canas, Puerta, Beck).
Une hécatombe qui soulève deux questions, celle, sempiternelle, du calendrier exponentiel, et celle de la place que peut occuper aujourd’hui la Coupe Davis dans l’univers ultra-concurrentiel et individualiste de la balle jaune.
Pour beaucoup de joueurs, la course au “Saladier d’argent“ n’est plus une priorité. Elle demande trop d’investissement, sape trop d’énergie, suppose souvent de jouer sur des surfaces différentes de celles des tournois du moment et, surtout, n’apporte pas le moindre point ATP. Le N°1 mondial, Roger Federer, en apporte l’illustration parfaite, avançant des "défis trop nombreux cette saison" pour décliner, comme l’année dernière, sa sélection avec l’équipe suisse.
Le fait que la rencontre face à l’Australie ait lieu sur terre battue n’est pas complètement étranger à sa décision, de même que les absences de Lleyton Hewitt et Mark Philippoussis, qui rendent les "Aussies" bien vulnérables. L’Espagne sera elle aussi privée, face au Bélarus, de trois de ses plus illustres représentants, les deux anciens N°1 mondiaux Juan-Carlos Ferrero et Carlos Moya ainsi que le N°2 actuel Rafael Nadal. Mais le réservoir ibère est autrement plus profond que celui des Suisses ou des Australiens. Le capitaine Emilio Sanchez a encore sous la main deux joueurs du Top 20, David Ferrer et Tommy Robredo, pour tenter d’éviter le piège de vitesse que les Bélarusses s’apprêtent à leur tendre à Minsk.
Pour les Etats-Unis, l’absence d’Andre Agassi devrait moins peser encore. L’alternative est de premier choix (Andy Roddick, James Blake et les frères Bryan) et l’adversaire, la Roumanie, bien modeste. La Russie, qui se déplace aux Pays-Bas, est dans le même cas de figure. Marat Safin n’a plus joué depuis six mois et encore différé son retour. Mais Davydenko, Andreev et Youzhny sont nettement plus costauds que les Néerlandais, qui ne comptent aucun joueur dans les quatre-vingt premiers à l’ATP.
L’Argentine, sans Gaston Gaudio et Guillermo Coria, misera, elle, sur la forme de David Nalbandian et la terre battue de Buenos Aires pour écarter la Suède de son chemin. Idem pour le Chili et son duo de champions olympiques Fernando Gonzalez-Nicolas Massu, qui reçoit la Slovaquie, finaliste 2005 mais gros outsideur sur cette partie.
Michal Mertinak, deuxième joueur slovaque, n’est que 173ème mondial. Les deux rencontres les plus intéressantes sont finalement celles où tous les protagonistes seront présents. La Croatie n’a certes pas de capitaine et Ivo Karlovic ne sera pas du voyage en Autriche. Mais les deux héros de la dernière campagne, Ivan Ljubicic, désigné joueur-capitaine, et Mario Ancic partiront à la défense de leur titre. Sur le papier, l’Autriche de Thomas Muster est moins forte, mais Jürgen Melzer et Stefan Koubek restent des joueurs dangereux sur terre battue. L’affrontement à Halle entre l’Allemagne et la France s’annonce tout aussi excitant. Tommy Haas et Nicolas Kiefer rejouent leur meilleur tennis.
En face Sébastien Grosjean revient fort et Richard Gasquet est, dans un bon jour, capable du meilleur. Dans cette rencontre, comme dans beaucoup d’autres, le double pourrait une nouvelle fois s’avérer capital.