La décision de l’Union cycliste internationale (UCI) d’interdire le port de l’oreillette suscite le débat au Tour du Qatar entre les partisans, majoritaires, de cette assistance radio, et ceux qui souhaitent que l’on laisse une chance à la formule sans aide technologique. Officiellement, les équipes sont opposées à la décision de l’UCI d’interdire le port des oreillettes dans les courses de première et hors catégorie en 2011 puis dans la totalité des épreuves (Tour de France inclus) dès 2012. En outre, selon l’association internationale des coureurs (CPA) qui a consulté 344 de ses membres, une majorité (207) est favorable au port des oreillettes. Dimanche, la première course de la Semaine de Majorque en Espagne a été marquée par une protestation des coureurs qui se sont présentés au départ avec leurs oreillettes. Un bras de fer avec l’UCI qui a entraîné la non-homologation des résultats.
Le discours est beaucoup moins tranché dans le peloton du Tour du Qatar où plusieurs directeurs sportifs et coureurs estiment que «la formule sans oreillette mérite d’être testée», selon les mots du Belge John Lelangue, manager de l’équipe BMC. «Je suis solidaire des autres patrons d’équipes mais, personnellement, je trouve que l’on peut très bien faire la course sans assistance radio», note Lelangue. «L’essentiel du travail du directeur sportif c’est le recrutement, la sélection des coureurs, le «briefing» tactique d’avant-course. L’interdiction de l’oreillette ne remet pas cela en cause», explique Lelangue, à l’instar du Français Marc Madiot (FDJ) notamment. Nombre de ses collègues voient dans la suppression des oreillettes une atteinte à leur influence stratégique sur le déroulement des courses. Le Belge Wilfried Peeters (Quick Step) ou l’Italien Serge Parsani (Katusha) sont pour cette raison opposés «à tout retour en arrière». «Cela fait dix ans que l’on utilise la radio pour communiquer avec les coureurs. Personne ne s’en prive: c’est donc que l’on en a besoin. Et ce sont les coureurs qui font la course. Avec ou sans assistance, c’est le meilleur qui gagne», assure Parsani. Côté coureurs, certains pestent contre la décision de l’UCI, à l’image de l’Australien Graeme Brown qui s’est dit «victime de l’absence d’oreillette» lundi lors de la première étape du Tour du Qatar. «J’étais dans le groupe de tête avec mon leader Lars Boom (alors en tête du général, ndlr). Je n’ai pas vu qu’il était en difficulté et, sans oreillette, je m’en suis rendu compte trop tard», regrette le sprinteur de l’équipe Rabobank. Le Belge Tom Boonen, l’un des patrons du peloton, est moins vindicatif et «attend de voir ce que donneront les courses sans assistance radio.» «Le Tour du Qatar est une course simple à contrôler. Se priver des oreillettes ici n’est pas un problème. On verra ce que cela va donner sur d’autres courses, les Flandriennes surtout», a-t-il ajouté. D’autres, à l’image de l’Autrichien Bernhard Eisel, estiment que pour la sécurité des coureurs (qui ne sont plus avertis des dangers de la route, ndlr), l’interdiction de l’oreillette est «un pas en arrière.» Directeur sportif de la FDJ, le Français Martial Gayant ose un pronostic : «On va rouler sans oreillette jusqu’au premier gros souci de sécurité avec un coureur. Puis on y reviendra…»
Benoît Noal (AFP)