ALM : comment vous avez commencé le sport ?
El Ghazi : Etant un enfant, je vivais dans la région de Taza et pour aller étudie,r mes camarades prenaient l’autocar. Mais moi, je préférais courir de la maison à l’école et j’arrivais toujours à l’heure et quelquefois avant l’autocar. Un Français avait remarqué ma façon de courir et, un jour, il m’a conseillé d’adhérer au club sportif de Taza dont il était sociétaire. Sous les couleurs de ce club, je me suis classé deuxième au championnat national des cadets du Maroc de cross-country et en 1959 j’ai rejoint l’équipe sportive des Forces armées royales.
Un rappel de votre palmarès ?
Champion du monde de cross country individuel à Rabat en 1966, finaliste des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, sept fois champion du monde militaire par équipe, ex-détenteur du record d’Afrique du 3000 m steeple et 5000m de 1964 à 1966. J’ai également remporté deux médailles d’or aux Jeux panarabes du Caire 1965 sur 3000 et 5000m. Dix fois champion du Maroc de 3000 steeples, et sept fois champion du Maroc de cross–country. J’ai été retenu à soixante-quatre reprises en équipe nationale. J’ai remporté trois médailles d’argent aux championnats du monde militaires en 1965,1966 et 1967, ainsi que deux médailles d’or en 1965 au championnat du monde militaire au 3000 steeple à Athènes et au Luxembourg.
Et les retombées financières ?
J’ai peut-être gagné des médailles un peu tôt, nous n’avions droit qu’aux compliments. De nos jours, les athlètes sont à l’abri de tout souci financier : ils perçoivent des salaires, des primes, une prise en charge médicale et sociale et ils signent des contrats avec des sponsors.
Et qu’en est-il de votre situation financière actuelle ?
Je vous répète qu’il ne me reste de mes exploits que ces souvenirs, ces coupes, ces médailles et ces emblèmes. Je ne percevais pas de primes. Je vous signale qu’à l’occasion de différents événements, le bureau fédéral pense aux anciennes gloires et on nous invite avec tous les honneurs, pour nous remettre uniquement des souvenirs que nous collectionnons. Nous avons besoin d’argent. A notre âge, nous subissons les séquelles du sport, j’ai déjà été hospitalisé à deux reprises pour des interventions chirurgicales, Je doit être hospitalisé très prochainement pour une autre intervention chirurgicale, je ne suis pas propriétaire de mon logement d’où je risque d’être expulsé . Je travaille encore à la fédération pour joindre les deux bouts.
Aujourd’hui, avez-vous des regrets?
Je regrette de ne pas avoir couru pour les clubs français. Si je l’avais fait, j’aurais maintenant une pension avec une couverture sociale, mais je préférais toujours hisser haut le drapeau national.
Et que deviennent vos amis ?
Malheureusement, les pionniers de l’athlétisme national sont dans une situation désastreuse. Haddou Jadour est gravement malade, tandis que Baidi lahcen et Bagni Lahcen sont sans domicile ainsi que Benabdeslam Jbilou.
Votre meilleur souvenir ?
Je n’oublierai jamais le moment où j’ai été décoré par feu SM le Roi Hassan II en 1966.