Grâce à une médaille d’or au Championnat arabe de full-contact, en Tunisie, Rachida Laârissi aura clôturé l’année 2003 en beauté. En effet, la troisième édition de cet événement d’envergure est arrivée à terme à la mi-décembre de l’année écoulée. Laârissi n’a pas laissé passer cette occasion pour ramener le métal précieux au pays. D’autant que cela revêt une importance cruciale, vu que cette troisième édition a connu la participation féminine pour la première fois. Aussi, ce succès vient enjoliver un palmarès extrêmement riche en trophées et en titres. En effet, Rachida Laârissi est plutôt du genre qui n’aime pas partager. Depuis qu’elle a raflé son premier titre de championne du Maroc, en 1993, il ne s’est pas passé une année sans qu’elle ne récidive, jusqu’à aujourd’hui. En dépit de tous ces exploits, la femme garde la tête bien froide et la modestie semble l’un de ses caractères principaux. Plus, elle doit en faire une règle primordiale. Native de Safi en 1973, Rachida Laârissi parle et l’on décèle une timidité incontrôlée qui traverse la jeune femme. Le sourire toujours présent au coin des lèvres, elle raconte ses exploits et ne montre, à aucun moment, un quelque soupçon d’orgueil que ce soit. L’explication est toute simple : elle n’en a pas, d’orgueil. Depuis son jeune âge, Rachida Laârissi débordait d’admiration pour son frère Noureddine. Il faut avouer qu’il avait son petit secret, le Noureddine. Il faisait du taekwondo et exerçait un pouvoir de fascination intense sur sa petite soeurette. Celle-ci essayait autant que possible de l’accompagner lors de ses entraînements. Remarquant son intérêt, ou plutôt sa soif devant ce qu’il faisait, celui-ci décida de l’initier. Pouvait-il savoir qu’il avait « commis» un acte qui allait changer la vie de sa soeur ? On en doute. Mais ce dont on est sûr, c’est que ce jour-là de l’année 1984, une graine de championne avait bourgeonné. Rachida Laârissi allait donc partir sur les traces de son frangin. Les premières leçons furent dispensées à la maison, en famille. Enfermée dans son petit kimono et haute d’un peu plus de trois pommes, elle intégra le club safiot où elle fit ses premiers pas. Sa liaison avec le taekwondo allait durer près de six années. Elle virevolta par la suite et s’intéressa à une variante de la boxe, la boxe marocaine moderne. Cela consiste en des techniques, des katas et des enchaînements, mais sans véritable combat. Cette discipline n’ayant pas fait long feu, Rachida se tourna vers le full-contact. Trois années d’entraînement plus tard, elle prit part, pour la première fois de sa vie, au Championnat du Maroc de full-contact, catégorie (-60 kg), c’était en 1992. Tout son entourage l’encourageait et lui assurait que ce serait elle la championne. Elle y croyait dur comme fer. La désillusion n’en fut que plus grande lorsqu’elle sort les mains vides de cette première participation. Ça l’a déçue, chagrinée et ulcérée même. Elle en voulait tellement qu’elle ne baissa pas les bras et décida d’intensifier ses entraînements. L’année suivante coïncidait avec sa seconde participation au Championnat national. L’on penserait qu’elle était venue avec des tonnes de tracs sur le dos, la peur au ventre et la crainte de passer à côté. C’est tout faux et c’est même loin de là. Elle montera sur le ring avec une assurance inébranlable et n’en sortira qu’après avoir décroché son premier titre. La délivrance. «Au fait je n’oublierai jamais ces deux années. Celle de la déception où j’ai raté le titre, où je me sentais au plus mal de moi-même car j’étais capable de le faire. L’année suivante, j’avais une revanche à prendre, sur le sort et sur moi-même. Je suis venue, j’ai vu et j’ai vaincu. J’ai rétabli mon équilibre intérieur et, en guise de cerise sur le gâteau, j’étais devenue championne, j’étais aux anges…», ainsi parle Rachida de ses premières expériences. La suite, on la connaît. Une hégémonie sur le titre durant plus d’une décennie. Le 27 octobre 2001, elle connaîtra son plus beau sacre, celui de championne du monde de savate (boxe française), en poids Coq (52-54 kg). Conciliant full-contact, savate et kick-boxing, Rachida Laârissi est aujourd’hui entraîneur dans le club ANDAM (Association nationale des arts martiaux), à Sidi Bennour. Il faut souligner qu’elle n’entraîne pas seulement que des dames. De grands gaillards, tout moustachus, viennent régulièrement s’abreuver de son savoir, un savoir qu’elle a acquis dans des salles de sport également, mais surtout sur les rings, ce qui en fait d’elle un instructeur de choix. En parallèle, elle mène une vie de famille sereine auprès de son mari, qui n’est autre que le double champion du Maroc de full-contact, Hicham Zaghmouti. L’on découvre agréablement que chez ces gens-là, les arts martiaux, c’est une histoire de famille, puisque Rachida, à son tour, commence à initier Nizar, son petit âgé à peine de trois ans, à ce sport dont elle a fait une passion.