Comme les 175 autres motards comptant pour le Dakar 2001, il a signé mercredi dernier sa fiche d’inscription pour la 24e édition du rallye. A 36 ans, Satushi ressent cette participation comme une sorte de victoire.
Son amour pour la moto a commencé alors qu’il avait16 ans, dans sa ville natale de Tachikawa, près de Tokyo, c’était après avoir vu à la télévision un documentaire sur la chevauchée des concurrents d’un Paris-Dakar soulevant des nuages de poussières dans un désert de dunes. Le coup de foudre a eu lieu, l’exercice aussi. Un seul mot d’ordre : le bonheur. «Je suis bien à moto, quand je sens le vent sur mon visage. J’aime la nature», a coutume de dire Tamura dans son langage de sourds-muets traduit par un interprète. «Dans la nature, il n’y a pas de différence entre les handicapés et les valides» dit-il, exprimant avec simplicité ce que nul mot ne pourrait décrire. Avec les 9.436 kilomètres qu’il va devoir couvrir entre Arras, au nord de la France et Dakar, pendant 17 jours de course, la tâche est loin d’être facile étant donné les problèmes de communication qui risquent d’être le principal défi de Satoshi Tamura. Son expérience de l’année 1999 lui en a appris des choses. Lors d’un rallye moto en Mongolie, il a fait une chute, s’était blessé à la tête et s’était perdu. «Le sang m’aveuglait, et j’ai perdu mon chemin à la tombée de la nuit», explique-t-il. « J’ai bien tenté de demander mon chemin par gestes aux villageois du coin, mais ce n’était pas simple », avoue-t-il. « Pendant trois nuits, je n’ai pas pu dormir, j’étais trop crevé, je ne pensais qu’à rentrer chez moi ». Malgré cette mésaventure, il a réussi à rejoindre la course et terminé 25e, alors que la moitié des concurrents avaient abandonné. « Mais, de nouveau, dit Tamura, ma principale préoccupation pendant le Paris-Dakar c’est de pouvoir communiquer ». Afin d’y parvenir, il va devoir emporter avec lui des dictionnaires français et anglais et posera ses questions en désignant les mots sur les livres. Autre défi pour Satoshi, le financement de son aventure.
Frustré l’an passé d’avoir dû renoncer au Dakar par manque de moyens financiers, il a obtenu cette année un prêt de 12.000 dollars de sa banque, car son salaire de vérificateur d’ordinateurs portables ne lui permettait pas de couvrir les frais. Ses demandes de parrainage sont restées pour la plupart sans réponse, et il n’a reçu que quelques pièces de rechanges pour sa moto, une Honda XR400R, que lui fournira une écurie française. L’enthousiasme du motard n’a pas été entamé pour autant. Satoshi Tamura s’est entraîné sérieusement au Japon dans des conditions de rallye extrême sur les pentes du Fuji Yama. « Mon classement ne me préoccupe pas vraiment. Mon objectif est simplement de terminer la course », conclut Tamura. «Je pense que j’en suis capable».