Une coupe pas comme les autres

Mardi prochain, la coupe du monde 2002 entamera sa dernière ligne droite. Une ligne droite où seront alignées quatre équipes représentant trois continents. Ce qui constitue une première. On aurait bien aimé voir le Sénégal figurer dans le dernier carré. Il faut dire que, face aux Turcs, les « Lions de Teranga » ont atteint leurs limites. Dominateurs depuis le début de la coupe du monde, les coéquipiers de Diouf ont perdu, ce jour-là, leur arme fatale : la fraîcheur physique.
Certes, les hommes du Français Bruno Metsu n’ont pas pu faire mieux que le Cameroun, premier pays africain à avoir atteint le stade des quarts de finale, mais ont quitté la compétition la tête haute. Une prestation qui a surpris plus d’un. Mais pas la star du football mondial, le roi Pelé, qui avait déclaré un jour que « l’avenir du football appartient à Afrique ». Comme le Cameroun et le Nigeria, le Sénégal a été victime de son succès.
Si pour le Sénégal, samedi dernier, était la fin d’un beau rêve, pour la Corée du Sud, c’est le début d’une autre aventure. Jamais une équipe asiatique n’est parvenue à atteindre les demi-finales. Et de quelle manière, le pays du matin calme a barré le chemin aux grands du football mondial, pour n’en citer que le Portugal, l’Italie et l’Espagne. Ces deux derniers n’ont pas encore digéré leur élimination jugée « injuste ». Et pour cause : le mauvais arbitrage. L’Espagne, comme l’Italie qui rumine encore sa rancune contre l’arbitre équatorien dont les erreurs de jugements ont, selon elle, provoqué son élimination du mondial de football, a mis en cause l’arbitrage après son élimination en quart de finale, samedi. Les Espagnols ont critiqué avec virulence l’Egyptien Gamal Ghandour. Seule l’Allemagne ne s’est pas encore plaint du mauvais arbitrage. Sans trop forcer son talent, ni puiser dans sa fraîcheur physique, la Mannschaft continue doucement, mais sûrement de compter ses victimes.
Son jeu caractérisé par le réalisme, un schéma tactique dont elle est l’innovatrice, continue de faire des dégâts. Sur une question qui se rapportait à la définition du football, Pelé avait répondu, sans hésitation aucune, que « c’était onze joueurs contre onze et les Allemands en finale ». Une définition qui en dit long sur la place qu’occupe l’Allemagne dans l’histoire de la coupe du monde. Son sérieux rival encore en lice : le Brésil. Quatre fois championne du monde, la Seleçao est la seule équipe à n’avoir raté aucune édition. Au sein des Auriverdes il y a toujours un Brésilien de service pour faire laisser éclater son talent. Contre l’Angleterre, c’était le tour de Ronaldinho. Sauf leur match contre la Turquie, les coéquipiers de Rivaldo n’ont pas trop souffert pour se qualifier pour les demi-finales. De ce troisième tour, on retient quatre petits buts dans le temps réglementaire, dont trois pour le seul Brésil-Angleterre.
La polémique autour des arbitres assistants et la première qualification d’un pays asiatique pour une demi-finale d’une coupe du monde sont les points forts des quarts de finale du mondial 2002. En somme, la passion et le panache semblent avoir déserté cette édition pour laisser place au froid réalisme d’équipes préoccupées par la nécessité de gérer leurs forces. Autre constat : la moyenne des buteurs est en chute libre. Les quarts de finale du mondial 2002 sont les moins prolifiques de toutes les annales de la coupe du monde (cinq buts marqués) qui portent à 152 le nombre de buts inscrits depuis le début de la compétition. Avec une moyenne de 1,25 but marqué par match lors des quarts de finale, les buteurs sont en baisse de régime après un début en pompe, 130 buts lors des 48 matches du premier tour. Si les défenses ont volé la vedette aux attaquants depuis le début du deuxième tour, ce n’est pas toujours dans les règles de l’art. Et les chiffres sont là pour en témoigner. Selon la fédération internationale, 261 avertissements ont été distribués (pour 17 rouges). Le chiffre global du mondial de France, 252 jaunes, est d’ores et déjà battu.